Hadjira, receveur de bus. UN AUTRE TABOU DE CASSE

Hadjira. Receveur de bus

Un autre tabou de cassé


L’Entreprise de transport public de Tiaret (ETT) n’a pas fait que casser le monopole exercé par les transporteurs privés à Tiaret, elle a en plus innové en recrutant, comme receveur, une jeune femme. Une première dans une région réputée conservatrice.



Hadjira R., puisque c’est d’elle qu’il s’agit, on l’a rencontrée exceptionnellement en dehors des heures de travail, pleine d’allant, svelte et fière allure. Au-delà de la curiosité qu’elle a suscitée auprès des usagers du transport, les premiers jours, elle semble déjà s’accommoder à merveille avec ce boulot jusque-là réservé aux hommes. Mère d’une jeune fillette, notre receveur a pris le pli d’aller journellement à la rencontre de ses clients et clientes. De l’appréhension, Hadjira n’en nourrit aucune, bien qu’elle se rappelle du jour où, venue répondre à une offre d’emploi au bureau de main-d’œuvre, on lui avait rit au nez. Un affront qu’elle n’a pas accepté mais que seuls son courage et le secours de monsieur Rezagui Habib, le directeur, en ont effacé les traces psychologiques. Etre receveur de bus, comparativement à d’autres métiers que la femme algérienne a su s’approprier, n’est rien face à d’autres boulots plus avilissants ou ceux qui ouvrent droit à la notoriété.
Etre receveur reste pour Hadjira un job qui lui a ouvert le chemin du respect et de la dignité. D’abord de sa famille en qui elle a trouvé aide et réconfort puis, dans son quartier populaire, à la cité Ibn-Khaldoun. Hadjira a décroché son diplôme en informatique avant d’occuper le poste de receveur. Avec l’aide de ses collègues, elle a fini par s’installer dans le décor, notamment sur la ligne 30 en début puis sur la 24. Celle qui mène à la très populeuse cité Volani. Elle n’omet pas toutefois de signaler cette méchanceté gratuite, tenez-vous bien, des femmes et non des jeunes hommes. C’est dire si les préjugés sont tenaces. Sollicitée pour la première fois par un journal, sa joie fut indescriptible. En retour et, sans tarir d’éloges sur son directeur, responsables et collègues, elle tient à chaleureusement remercier El Watan pour ce geste.




Par A. F.

Source : El Watan .