Les mobiles servent-ils encore à téléphoner ?Equipés d'appareils photo numériques de plus en plus sophistiqués ou de lecteurs de fichiers musicaux MP3, les téléphones portables deviennent des terminaux multifonctions. Depuis le début des années 2000, ils embarquent des jeux, et ce secteur connaît aujourd'hui une véritable révolution.
Selon GfK m2, un cabinet qui mesure le marché des contenus de mobiles, il s'est vendu 13,3 millions de jeux pour téléphone en 2007. Le chiffre d'affaires réalisé par cette activité a progressé de 18 % pour atteindre 56,7 millions d'euros. Le montant moyen de prix d'un jeu s'est élevé à 4,26 euros. Les ventes de jeux sur mobiles se placent désormais devant celles des sonneries pour téléphones.
En mai 2008 (derniers chiffres disponibles), il s'est vendu 1,14 million de jeux pour téléphone à un prix moyen de 4,40 euros. Le numéro un des ventes était Tetris (Electronics Arts), suivi de Monopoly (Glu Mobile), Bloc Breaker Deluxe 2 et New York Nights 2 : Friends for Life, deux jeux de Gameloft. Arrivaient ensuite Qui veut gagner des millions (Glu Mobile), Roland-Garros 2008 (Gameloft), Brain Coach Dr. Kawashima (Namco Bandai), The Sims 2 Castaway (Electronic Arts) et enfin Pro Evolution Soccer 08 (Glu Mobile).
Les téléphones ressemblent à de petites consoles de jeux. Il y a plus de trois ans, Nokia avait lancé, avec un succès mitigé, un terminal dédié au jeu. Cependant, c'est l'apparition, en 2007, de nouveaux modèles qui a fait entrer les mobiles dans le monde du jeu. Ils sont dotés d'une capacité de stockage importante, de larges écrans de bonne définition souvent tactiles, ainsi que de systèmes d'exploitation, presque semblables à ceux qui gèrent les ordinateurs. "Cette rupture technologique a permis aux créateurs de logiciels d'utiliser différents outils graphiques, les mêmes que pour ceux qui tournent sur les consoles", juge Olivier Bernard de Glu Mobile, un éditeur de jeux.
Le symbole de cette évolution est l'iPhone avec son écran tactile Multi-Touch et son accéléromètre qui permet de naviguer dans un jeu en basculant son appareil. Certains modèles de Samsung ou de Nokia offrent aussi une excellente qualité de jeu.
TRÈS LARGE CHOIXInstaller un logiciel de jeu sur son mobile est aussi devenu plus facile. On peut le faire via les réseaux téléphoniques, la généralisation de la 3G offrant un débit de téléchargement élevé. "Un jeu de 600 Mo s'acquiert en moins de deux minutes", assure Gonzague de Vallois, vice-président de Gameloft, concepteur de jeux. Certains logiciels "pèsent" plus 30 Mo. L'installation s'opère alors de préférence via Internet, sur un ordinateur. Il suffit ensuite de relier le PC à son téléphone pour y installer le jeu.
Les jeux sont disponibles sur des plates-formes de téléchargement mises en place récemment par les fabricants de téléphones eux-mêmes. "L'arrivée de l'App Store d'Apple a ouvert un marché prometteur. De son côté, Nokia a lancé N Gage, Sony Ericsson Play Now, Blackberry Marketplace, et Google Androide. Toutes ces plates-formes devraient attirer de nouveaux joueurs", observe Tim Harrison, directeur marketing Europe d'EA Mobile. "Il y a quelques années, un créateur de jeu sur mobile n'avait aucune visibilité sur la commercialisation, ce n'est plus le cas aujourd'hui", renchérit Antoine Doumenc, directeur des ventes de jeux dans le monde chez Nokia.
Le concepteur du jeu a la perspective de toucher un très large marché. "Tout le monde a un téléphone dans la main et tout le monde ou presque a joué une fois avec son portable", note Olivier Bernard. "Certes une majorité de joueurs sont âgés de 15 à 35 ans mais on voit aussi beaucoup de cadres qui s'amusent avec leurs portables dans les aéroports", pointe-t-il. Les femmes se sont même mises à jouer, alors que jusqu'à maintenant les hommes étaient les plus accros.
Autre facteur de développement, les prix d'un jeu téléchargeable sur un téléphone mobile sont très inférieurs à ceux destinés aux consoles. Ils se situent entre 3 et 10 euros pour ceux qui utilisent les nouvelles technologies comme la 3D. A cela, il faut ajouter le prix de la communication qui peut s'élever à 4 euros lorsqu'on ne bénéficie pas d'un forfait de transfert de données.
Le choix est par ailleurs assez large : jeux de football, dérivés d'émissions de télévision, quiz pour "entraîner" son cerveau... Toutefois, s'amuser sur son portable a ses limites. En effet, les parties ne doivent pas dépasser une dizaine de minutes et la capacité de stockage limite chaque jeu à une vingtaine d'heures. Les éditeurs doivent prochainement lancer des titres qui se joueront indifféremment sur un téléphone ou un ordinateur.
Par le Monde