Les gaz à effet de serre augmentent les niveaux d'acidité des océans ce qui a pour effet d'accroître la vitesse de propagation des sons sous la mer et donc de perturber la communication des mammifères marins entre eux, selon des scientifiques réunis par les Nations Unies à Rome.
"La capacité des baleines bleues à communiquer a été ainsi réduite de 90%" en l'espace de 40 ans au fur et à mesure que le vacarme provoqué par l'Homme a augmenté dans les océans, a indiqué mercredi Veronica Frank du Fonds International pour le Bien-être Animal.
"L'augmentation de l'acidité des mers est un phénomène nouveau, insolite et perturbant pour toute une série d'animaux marins", a affirmé Mark Simmonds, directeur scientifique de la Société pour la Conservation des Baleines et des Dauphins à l'occasion de la IXe conférence des pays membres de la convention des Nations-Unies sur la conservation des espèces migratoires animales. "Les activités humaines, comme les transports marchands, l'exploration pétrolière ou les sonars militaires, produisent un "brouillard acoustique" qui empêche les baleines de maintenir des relations de groupe où même de se retrouver entre elles pour se nourrir", a expliqué M. Simmonds.
L'Institut de recherche de l'Aquarium de Monterey Bay en Californie qui étudie la montée du taux d'acidité des eaux des océans a découvert notamment que cette hausse avait pour effet "de permettre aux sons de se propager plus loin sous la surface" et particulièrement en ce qui concerne les sons à très basse fréquence "qu'utilisent les mammifères marins pour se retrouver et s'accoupler". Au cours des quarante dernières années, le bruit dans l'océan a doublé tous les dix ans et ce phénomène va augmenter, à affirmé Veronica Franks.
Les scientifiques vont proposer aux 110 pays adhérents à la Convention d'adopter une résolution pour réduire l'impact du bruit dans les océans sur les espèces marines les plus vulnérables, étudier les impacts environnementaux des activités sous-marines bruyantes et réduire l'usage des sonars quand ils risquent de provoquer des troubles aux mammifères marins. Selon les résultats d'une étude du Programme des Nations Unies pour l'Environnement, le bruit provoqué par les puissants canons à air comprimé utilisés pour certaines recherches sismiques sous-marines peut être entendu jusqu'à 3.000 km de distance.
- AFP