Les étudiants en lettres françaises et autres mordus de la littérature algérienne d'expression française, peuvent se frotter les mains.
Les éditions Casbah, une maison qui s'est professionnalisée dans l'ouvrage historique a publié en octobre dernier une étude universitaire sur l'écrivain algérien, Mouloud Mammeri, décédé il y a deux décennie dans un accident de voiture près de Miliana.
L'auteur de "La colline oubliée" revenait d'une conférence qu'il avait animée au Maroc lorsqu'il perdit le contrôle de sa Peugeot 205 qui percuta un arbre. Même mort tragique survenue à la fin des années 50 de l'auteur de " La peste", Albert Camus, qui avait un rapport viscéral avec l'Algérie où il a rédigé une partie de ses ouvrages dont " L'étranger."
Trois universitaires, Aicha Kassoul, Mohamed Lakhdar Maougal et Malika Kebbas se sont penchés sur l'œuvre de Mouloud Mammeri qui a écrit pendant sa carrière littéraire pas plus de quatre romans, des pièces de théâtre, des essais et surtout des études autour du patrimoine immatériel de l'Ahellil et des issefras kabyles.
Mammeri est plus un chercheur qu'un romancier, du fait que son œuvre se penche plus du coté de la recherche patrimoniale que littéraire.
Ouvrage collectif coordonné par l'universitaire Malika Kebbas, le texte universitaire que vient de publier Casbah éditions, se penche sur la ligne directrice de cet écrivain qui s'est longtemps nourri des mamelles de la civilisation grecque, dont il a appris la sagesse et la rigueur. Aicha Kassoul et Mohamed Lakhadar Maougal qui ont enseigné des années à l'université des lettres de Bouzaréah à Alger, ont eu déjà à travailler autour de plusieurs thèmes liés à la réflexion autour des écrits algériens. Aicha Kassoul a auparavant signé des ouvrages, " Devoir d'histoire et pouvoir d'écriture ", " les Elites algériennes ", " Albert Camus et le destin algérien " alors que Lakhdar Maougal a consacré un livre très dense à l'écriture katébienne. De son côté, la coordinatrice de ce livre de recherche a eu à parapher plusieurs études comme " Langages, langues et paroles données ", " Plurilinguisme et enseignement des langues en Algérie ", " Tristan et Iseut ", un roman adapté du Moyen-âge. Basées sur les différentes étapes de la vie de Mammeri, les analyses de ces universitaires font ressortir l'attachement de l'écrivain à la terre dans laquelle il a vécu et ses influences culturelles notamment grecques. Tout comme son compère Kateb Yacine, Mouloud Mammeri n'aime pas les faux fuyants, les subterfuges, mais était partisan d'une ouverture et d'une honnêteté intellectuelle indéfectibles. Une œuvre quelle qu'elle soit est toujours complexe et dense ; c'est pourquoi ces universitaires n'ont pas pu dans cette première étude, explorer la totalité de l'œuvre de Mammeri et nous livrer ainsi une toute petite partie, qui permettra sans doute à d'autres recherches d'en prendre compte en vue d'autres analyses. A la fin des années 80, son roman " L'Opium et le bâton " est porté à l'écran par Ahmed Rachedi alors que sa " colline oubliée" a été adaptée au cinéma par Abderrahmane Bouguermouh à la fin des années 90. L'histoire de La colline oubliée se passe en 1939, au cœur des montagnes de Haute Kabylie. Dans un village gouverné par les valeurs et les coutumes ancestrales, les existences se déroulent au rythme des saisons. Mokrane y est né, y a grandi et y vit dans l'alternance des douleurs, des espoirs, des vengeances. Au moment de la guerre, la mobilisation et le départ des hommes, engendrent un désarroi confusément ressenti comme une malédiction sur le village. Les habitudes et les mentalités changent, l'ordre colonial commence à ébranler l'harmonie séculaire d'un monde enchanté sentant sa fin prochaine.
- Le Maghreb