Les champs électromagnétiques pourraient "être à l'origine d'un problème de santé publique majeur", ont mis en garde des scientifiques lundi lors d'un colloque au Sénat, relançant le débat sur l'impact sanitaire des antennes relais qui reste ouvert.
A un mois d'une table ronde organisée par le ministère de la Santé et après le démantèlement de plusieurs antennes relais imposé par la justice au nom du principe de précaution, le débat se poursuit sur les éventuels impacts sanitaires.
Au début du mois, le Premier ministre avait justifié une "approche de précaution" sur l'impact de l'utilisation des téléphones mobiles sur la santé des personnes, bien que "les expertises disponibles ne permettent pas de conclure sur le lien éventuel entre utilisation de téléphone mobile et risque de cancer".
En revanche, selon M. Fillon, l'hypothèse d'un risque pour la santé des antennes-relais de téléphonie mobile "ne peut être retenue" en l'état actuel des connaissances.
L'Académie de médecine lui avait emboîté le pas en soulignant l'absence de risque démontré des antennes relais de téléphonie mobile.
Lundi, ce sont les opposants à des seuils d'exposition trop élevés qui ont donné de la voix.
"Les effets des champs électromagnétiques sur notre santé sont démontrés par l'observation clinique de très nombreuses investigations toxicologiques et biologiques et certaines études épidémiologiques", ont affirmé quatre professeurs dans une déclaration publiée à l'occasion d'un colloque sur l'enjeu sanitaire des technologies sans fil au Sénat.
L'Allemand Franz Adlkofer, coordinateur du projet de recherche européen Reflex, le Français Dominique Belpomme, cancérologue et les Suédois Lennart Hardell, cancérologue et chercheur, et Olle Johansson, du département de neurosciences du Karolinska Institute estiment qu'"un nombre croissant de malades (sont) devenus intolérants aux champs électromagnétiques".
"On ne peut exclure chez eux l'évolution vers une maladie dégénérative du système nerveux, voire certains cancers", et il y a donc risque de "problème de santé publique majeur", ajoutent-ils.
Il ont mis en avant certaines études prouvant des effets nocifs sur l'ADN ou le cerveau, même si d'autres ne prouvent rien. "Les normes de protection sont largement insuffisantes pour éviter les effets toxiques", a déclaré le Pr Belpomme.
Les opérateurs télécoms, invités lundi au colloque, n'ont pas souhaité s'exprimer, selon les organisateurs, des sénateurs Verts.
Agir pour l'environnement et Priartem, deux associations spécialisées sur le sujet, ont publié un sondage réalisé par l'institut BVA, qui fait apparaître que 80% des Français sont favorables à ce que le gouvernement règlemente davantage le développement des antennes relais, contre 16% qui n'y sont pas favorables et 4% qui ne se prononcent pas.
Une table ronde sur les effets potentiels des téléphones mobiles et des antennes relais est prévue le 23 avril au ministère de la Santé, avec des membres du gouvernement, des opérateurs et des associations.
Mais d'ores et déjà, les associations reçues lundi par la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Joual ont paru fort dépitées.
"On est dans les limbes quant à l'organisation, ils ne savent pas très bien quand ça va aboutir, avec quels acteurs, et quels experts seront sollicités", a indiqué Stephen Kerckhove d'Agir pour l'Environnement, disant ignorer même si l'on parlerait des antennes relais.
Pour lui, cela ressemble fort à "un exercice de style" dont le seul objectif serait "de faire de la communication autour du sujet sans vraiment chercher de solutions".
.................................................. ......................AFP