Les principaux fournisseurs d'accès à Internet (FAI) allemands se sont engagés, vendredi 17 avril, à bloquer l'accès aux sites Web pédopornographiques, en collaboration avec la police. Les fournisseurs Deutsche Telekom, Vodafone/Arcor, Alice, Kabel Deutschland et Telefonica/O2, représentant les trois quarts du marché allemand, ont signé un accord avec la police criminelle par lequel ils s'engagent volontairement à empêcher l'accès des internautes aux sites que leur signaleront les enquêteurs.
Concrètement, l'internaute qui tentera d'accéder à l'un de ces sites – y compris les pages hébergées à l'étranger – obtiendra un message d'erreur, mais son adresse IP ne sera pas communiquée aux autorités.
La liste des sites interdits sera mise à jour quotidiennement par les enquêteurs. La mesure, inspirée de dispositifs similaires déjà en vigueur en Scandinavie, aux Pays-Bas, en Suisse, au Royaume-Uni ou au Canada, doit être effective au plus tard dans six mois. Grâce à ce dispositif, ceux qui mettent en ligne des images pédopornographiques "gagneront moins d'argent", ce qui portera un coup à la "webcriminalité", a assuré la ministre de la famille allemande, Ursula von der Leyen.
NEUF MILLE INTERNAUTES PÉDOPHILES DANS LE MONDE
En extrapolant à partir de statistiques norvégiennes – selon lesquelles ce dispositif empêcherait chaque jour quinze mille à dix-huit mille accès à des pages pédophiles –, la ministre a calculé que trois cent mille à quatre cent cinquante mille accès illicites quotidiens pourraient être évités en Allemagne.
L'accord dégage les fournisseurs d'accès de toute responsabilité juridique en cas de contestation de ce blocage, a assuré le ministère, précisant que les professionnels n'étaient "responsables que des mesures techniques, pas du contenu". Mme von der Leyen a reconnu que les internautes chevronnés "trouveront toujours un moyen de contourner les blocages". Mais pour la "grande masse" des utilisateurs ayant une maîtrise technique moyenne, l'accès sera "bloqué de manière efficace", a-t-elle assuré.
L'accord a été salué par l'Unicef comme une "étape importante" qui doit cependant être suivie d'autres mesures pour lutter contre l'ensemble de la filière pédophile.
La signature de cet accord survient alors que la police allemande a annoncé jeudi qu'elle avait identifié, au moyen d'un logiciel spécialisé, quelque neuf mille "internautes pédophiles" présumés dans le monde, dont un millier en Allemagne.
Par Le Monde