Dulce
Nombre de messages : 7577 Age : 38 Localisation : Alger Emploi/loisirs/études : Actuellement superviseur en OFFSHOR et en MAGISTER II EN TRADUCTION ECOLE DOCTORALE D'ALGER Humeur/caractèr : Zen gentille Réputation : 30 Points : 1413006 Date d'inscription : 18/09/2007
| Sujet: La Traduction a pris de l’importance il y a 13 siècles Jeu 30 Avr - 15:52 | |
| L’Algérie accuse un immense retard Le monde a découvert l’importance de la traduction à grande échelle il y a treize siècles, lorsque le souverain Abbasside El Mamoun entreprit de faire bénéficier son empire des trésors des sciences indiennes, perses et grecques en transvasant à la langue arabe des milliers d’ouvrages et autres documents relatifs à toutes les disciplines de la pensée. Telle ne semble pas être la préoccupation des actuels roitelets et autres petits tyrans du monde arabe pour qui, certainement, la traduction a forcément des relents subversifs. La situation en Algérie n’est pas reluisante, elle est même pire que dans d’autres pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. C’est ce qui ressort des propos de Mme Fatma Zohra Ferchouli et de M. Fassi, respectivement chef de département d’interprétariat et de traduction et, doyen de la faculté des lettres et des langues de l’université d’Alger.
M. Fassi. Doyen d’université : « Nous n’avons ni une politique ni une démarche » M. Fassi, pourquoi la traduction se porte-t-elle si mal en Algérie ? Pour ma part, je lie cela à la culture de manière générale, en d’autres termes, la traduction est partie intégrante de la politique culturelle algérienne. Si l’on dotait la culture des moyens nécessaires et qu’on lui restituait la place qui lui revient parmi les aspects politiques importants dans le pays alors sa situation évoluera. L’Algérie est un pays parmi ceux qui traduisent le moins et c’est là un enfermement sur soi ; n’est-ce pas très préjudiciable !? Oui, en réalité tous les pays arabes vivent cette faiblesse de la traduction et l’Algérie encore plus. Nous nous contentons de traductions qui nous viennent d’Orient dans sa grande majorité. Et ces produits qui nous arrivent du Liban, de la Syrie, d’Egypte comportent souvent un travail faible et mal étudié. Quant à nous, nous n’avons qu’une participation très modeste. Ce qui est par conséquent aujourd’hui exigé de notre pays c’est qu’il se manifeste de façon plus concrète dans ce domaine. Au-delà de l’aspect civilisationnel nous devons commencer à acquérir une expérience dans les pratiques de la traduction. Cela veut dire aussi que nous allons employer des personnels et des spécialistes. Malheureusement, tout cela n’existe pas encore chez nous, on est diminué par de graves lacunes. Est-ce qu’une pareille situation est due à un certain immobilisme culturel ? C’est juste, nous n’avons ni une politique ni une démarche et ce domaine est abandonné uniquement à quelques individus qui déploient quelques efforts, contactent des maisons d’édition en vu de la traduction éventuelle d’un livre. Mais ceci n’est pas suffisant… Pourtant, les institutions peuvent jouer un rôle, cependant à prendre l’exemple de l’université algérienne, elle semble avoir pris le mauvais chemin en noyant le département de traduction sous un nombre effrayant d’étudiants impossible à encadrer... Non, je ne suis pas entièrement d’accord avec une telle vision des choses. L’université en réalité forme. Le rôle de l’université est de réussir les cursus étudiants jusqu’à leur termes. Mais si c’est insuffisamment encadré ? C’est vrai, mais cela dépend de certaines périodes. Actuellement, l’université d’Alger souffre d’un manque d’enseignants en traduction. Ceci est une réalité, une évidence…mais nous pouvons dépasser tout cela. Parfois, nous arrivons à un niveau d’encadrement satisfaisant et d’autres fois nous enregistrons des déficits. Il y a lieu de relever un autre aspect : l’université forme jusqu’à un certain niveau mais pas des traducteurs spécialisés. Par exemple, sur une promotion de 400 diplômés, nous ne pouvons compter que sur une quinzaine ou une vingtaine qui ont les compétences requises pour un travail sérieux. L’université en réalité n’arrive à assurer qu’un niveau moyen… Alors pourquoi inscrire 4000 étudiants seulement en graduation s’il n’est pas possible de leur assurer l’enseignement qu’il faut ? Pour former un certains niveau. Pour atteindre un niveau supérieur, une idée est d’ores et déjà émise et même si elle n’est pas encore en phase de concrétisation, on pense à la création d’un institut supérieur de la traduction. Je ne dis pas que cela va se faire dans une année mais l’idée est déjà là. Y accéderont, au cas où le projet deviendrait réalisation, les meilleurs étudiants porteurs d’une licence. Avec des étudiants formés ainsi nous pourrons compter sur des travaux de grande qualité. Le peu d’intérêt qu’on accorde à la traduction en Algérie ne découle-t-il pas du fait que le pays s’est recroquevillé sur ce qu’on appelle les valeurs ? Il n’y a pas de doute. Comme je le disais plus haut, il existe des faiblesses dans la manière de considérer notre culture, notre histoire, notre civilisation, le regard que nous portons sur l’autre, notre existence et notre place dans le monde. Tout cela a de l’importance. Pourquoi ne peut-on même pas faire mieux que les Abassides qui ont réalisé de bien meilleures choses il y a treize siècles ? Effectivement, El Mamoun, par exemple. Il est dans nos possibilités. Nous pouvons… Mme Ferchouli. Chef de département : « Nous sommes très en deçà de ce qui se fait ailleurs » Mme Ferchouli, quel est l’état de la traduction en Algérie ? Je vais vous sembler pessimiste mais la traduction en Algérie accuse un très grand retard. Déjà dans le monde arabe elle accuse un énorme retard parce que lui-même est loin derrière de très nombreuses régions du monde. Il semble à ce propos que l’Espagne à elle seule traduit plus que tout le monde arabe. Est-ce vrai ? C’est ce que l’on nous a dit, je pense que cela doit être vrai et nous savons que nous sommes très en deçà de ce qui se fait ailleurs et encore faut-il préciser, l’Algérie est en retard même par rapport à ce qui se fait dans les pays arabes. C’est peut-être dû à cette décennie noire que nous avons traversée. Je ne sais pas. C’est peut-être dû aussi au manque de soutien à tout ce qui a trait à la traduction, mais c’est un fait, notre retard est important. Concrètement, quel est le nombre d’ouvrages traduits en Algérie durant l’année 2008 ? Alors là, je suis désolée, je n’ai pas l’information exacte. Je sais par contre qu’il y a eu un petit effort parce durant l’année 2008, Alger était la « capitale de la culture arabe ». Il y a eu à cette occasion un effort certain dans le domaine de la traduction, cela reste cependant insignifiant au regard de ce qui se fait ailleurs. Pouvons-nous mesurer les efforts de l’Algérie dans ce domaine ? Est-ce que par exemple votre département et de manière générale l’université algérienne disposent de moyens suffisants pour former des traducteurs compétents ? Si nous ne croulions pas tant sous le nombre, c’est parce que nous avons des effectifs faramineux – cette année nous avons plus de 4000 étudiants en graduation seulement – alors je pense puisque nous commençons maintenant à avoir un encadrement de qualité nous pourrons faire de meilleures choses même si malheureusement il y a une très grande déperdition. Il n’y a pas lieu d’être totalement pessimiste. Dans le tas, apparaissent des personnes qui émergent et qui sont intéressantes, voir admirables parfois. Elles se détachent du lot.
Par [url=mailto://]A. Ancer[/url] | |
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