Nouvel acteur incontournable dans le secteur automobile, l'Inde parie sur la production de véhicules économiques.



C'est la «voiture du peuple». Le constructeur indien Tata a présenté début janvier la voiture la moins chère du monde : la «Nano», 2 500 dollars (1700 euros). Une annonce spectaculaire faite lors du Salon automobile de New Dehli, dont le succès - deux fois plus d'exposants qu'à Tokyo - confirme l'émergence de l'Inde sur le marché de l'automobile.

La Nano, c'est le retour à un principe un peu oublié : une voiture, ça sert d'abord à rouler. 3,1 mètres de long, moteur de 633 centimètres cubes - pas plus qu'une moto -, compteur kilométrique analogique et boîte de vitesses simplissime : chaque pièce a été pensée en fonction de son coût et de son utilité. Design minimaliste et matériaux composites allègent le poids. Consommation : 4,5 1 aux 100 km. Vitesse : 110 km/h.


Les experts s'attendent à ce qu'elle change profondément le comportement d'achat des Indiens, en créant un nouveau marché, mais aussi parce que de nombreux consommateurs songent à remplacer leur unique véhicule par deux Nano. Du coup, tous les constructeurs entrent dans la course à la voiture low cost. Des compagnies comme Suzuki et Hyundai ont baissé leurs prix sur les modèles bas de gamme. Ford, Nissan, Renault investissent sur le secteur. Même les spécialistes de la voiture de luxe, comme BMW, s'intéressent au phénomène. Mais il focalise aussi l'attention des écologistes, effrayés par la pollution qui étouffe les villes indiennes. La perspective de voir des millions de nouvelles autos sur les routes est un cauchemar environnemental.


Une analyse que beaucoup d'Indiens trouvent hypocrite : les nations occidentales possèdent déjà des millions de voitures, alors que leur population ne représente qu'une petite portion de la population asiatique. De plus, la voiture ne serait pas un produit de luxe, mais de première nécessité lorsque les infrastructures et les transports en commun sont insuffisants. Enfin, selon Ratan Tata, «la Nano est plus propre que les scooters qu'elle remplace». Son pot catalytique diminuerait les émissions de polluants de 80% et elle n'émettrait que 30 grammes de CO2 par kilomètre, quand la moyenne est de 160 en Europe