Le conseil national du SNCP (Syndicat National des Chercheurs Permanents), affilié à l’UGTA, a tenu sa première – selon ses statuts, il en tient deux annuellement - session ordinaire de l’année en cours.
Et ce, avant-hier, mardi 26 mai, à l’UDES (Unité de Développement des Equipements Solaires), une structure de recherche et de production relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), implantée à l’entrée-Est de la ville de Bou-Ismaïl, dans la wilaya de Tipaza.
L’ordre du jour arrêté traduisait, on ne peut mieux, les préoccupations de ses membres et, sans aucun doute, de ceux qu’ils représentaient.
Par conséquent, de toute la communauté des chercheurs exerçant, encore, en Algérie : cette dernière précision s’expliquant par les chiffres relatifs, pour reprendre les propos de Smati Zoghbi, le secrétaire général du SNCP, « à l’hémorragie qu’a connue et continue de connaître » celle-ci : « De 1998 à 2005, nous a-t-il dit, 50% des chercheurs permanents en activité alors ont quitté le pays.»
Plus précis, il a ajouté que « sur les 2 700 chercheurs permanents recensés à la première date, il n’en restait, à la seconde, que…1 350… » Un nombre qui est, depuis, remonté à 1 500 chercheurs.
Ce que bon nombre de participants à la réunion d’avant-hier ont qualifié de « particulièrement dérisoire pour un pays comme l’Algérie qui compte quelque 36 millions d’habitants… ».
Pour rester avec ce point, la plupart des intervenants ont jugé irréalistes les prévisions annoncées officiellement par les pouvoirs publics d’arriver, à l’échéance 2012, à 3 000 chercheurs permanents ». Non sans préciser, néanmoins, « si les conditions actuelles de la recherche et des chercheurs venaient à perdurer… ».
Ce qui nous amène à revenir à l’ordre du jour précité : mis à part le troisième qui portait sur le volet organique, les deux autres, traités d’ailleurs en premier, étaient, en effet, relatifs à ladite situation ; pour être précis, « à la situation de la recherche scientifique», pour le premier, et à celle «socioprofessionnelle (des chercheurs) », pour le second.
UN BUDGET DE 100 MILLIARDS DE DINARS
Les débats ouverts à propos de l’un et l’autre de ces points, ont révélé l’existence d’un profond malaise dans le secteur.
Non pas du fait de l’absence de moyens financiers pour son développement et de textes le régissant. Beaucoup ont, en effet, rappelé à ce propos et la décision des pouvoirs publics de doter la recherche scientifique «d’un budget, pour la période s’étalant de 2008 à 2012, de 100 milliards de dinars » et « la promulgation de la loi d’orientation et de programmation de la recherche scientifique qui a constitué, a-t-il été dit, un pas très positif dans la bonne direction.»
Mais plutôt, du fait de la mauvaise répartition des premiers et de la mauvaise application, rendue impossible, quelquefois par le peu de clarté de certains, des seconds.
Une situation découlant, ont convenu nombre d’intervenants, de la gestion administrative, pour ne pas dire, bureaucratique – certains n’ont pas hésité à parler d’une gestion politique - d’un secteur qui, plus que tout autre, a-t-il été dit, « nécessite la participation pleine, entière et consciente de tous ceux qui en font partie… »
LES SALAIRES LES PLUS BAS DU MAGHREB
Une participation qui, à l’évidence, ne peut, pour beaucoup de présents, être acquise si les chercheurs continuent de ne pas jouir de la considération voulue. Et ce, a-t-il été souligné, « aussi bien sur le plan professionnel que social ».
Concernant ce point précis, le secrétaire général du SNCP n’a pas hésité à nous déclaré que « le statut particulier du chercheur permanent, promulgué en 2008, s’il comporte des points positifs en matière de conditions et d’exigences de recrutement, dans le sens où l’accès à ce secteur est désormais nettement mieux réglementé, n’en est pas moins en retrait, par rapport aux textes précédents, en matière de rémunérations…»
Une situation qui fait, a-t-il poursuivi que « le chercheur algérien soit, de tous les chercheurs de la région maghrébine, le moins bien rémunéré… » Alors qu’il touche « en moyenne, 45 000 DA par mois, primes incluses, ses collègues marocain, libyen et mauritanien perçoivent, a-t-il tenu à nous le préciser, respectivement, l’équivalent de 1 200, 2 000 et 500 euros ; par mois également…
Pour illustrer «la mauvaise répartition des ressources financières disponibles », Zoghbi nous a déclaré que « durant les cinq dernières années, 76% des ressources du FNR (Fonds National de la Recherche) sont allés aux 600 laboratoires de recherche universitaires, lesquels, du fait du caractère récent de leur création – la majorité a été créée après 2003, a-t-il précisé -, n’ont pas la capacité d’absorption voulue des sommes qui leur sont octroyées», alors que « les 24% (desdites ressources) restants, sont répartis entre les 25 centres de recherche relevant d’une dizaine de secteurs d’activité… » ; des centres dont l’importance réside, a poursuivi le SG du SNCP, « dans le fait qu’ils produisent 90% de la production valorisable » ; en clair, les résultats de recherche qui connaissent une application concrète sur le terrain…
Sur un autre plan, celui du fonctionnement des centres de recherche, beaucoup de membres du conseil national ont imputé les problèmes que ceux-ci connaissent à leur transformation, depuis dix années maintenant, en EPST (Établissement public à caractère scientifique et technologique).
Ou, pour être plus précis, à la confusion (entretenue à dessein ?) entre les rôles des instances prévues par les textes régissant ces établissements : l’organe directeur, le conseil scientifique et le conseil d’administration, à savoir.
Et à ce propos, certains intervenants, parmi lesquels Zoghbi luimême, ont regretté que l’organe directeur prévu ait été réduit, dans beaucoup de centres de recherche, à la personne du directeur ; avec tout ce que cela suppose de recul de la concertation en leur sein et, partant, de tendance à leur gestion en solo...
Ouest-Tribune.