L'ordre du jour du Conseil des ministres devrait être consacré, dans les mois qui viennent, au football algérien. La Fédération algérienne de football et le ministère de la Jeunesse et des Sports s'attellent, en ce moment, à élaborer un plan sur le court, moyen et long termes, capable de contribuer à la relance d'un sport qui en a bien besoin.
Cela fait de nombreuses années que la situation de cette discipline est devenue désastreuse. Elle s'est, inévitablement, répercutée sur l'équipe nationale dont les résultats sont en deçà de ce qu'elle devrait produire.
Et l'équipe nationale est le fleuron de ce sport, l'équipe représentative du pays dans les compétitions internationales pour lesquelles elle ne parvient plus à se qualifier.
Dans quelques jours, elle va disputer un match important, mais pas décisif, contre son homologue d'Egypte comptant pour les qualifications à la Coupe du monde et à la CAN de 2010. Il est possible qu'elle le gagne, elle ne sera pas, pour autant, qualifiée pour les deux compétitions ou à l'une d'entre elles. Elle pourrait le perdre, elle n'en sera pas éliminée.
Ceci pour dire que cette confrontation a de l'importance mais sans plus. On pourrait ajouter que même si l'équipe nationale venait à se qualifier pour les deux compétitions, cela ne changera rien à la situation du football.
On risquerait, plutôt, de le voir se suffire de ce résultat pour s'endormir pour de bon et ne plus se réveiller. Ce que nous payons aujourd'hui ce sont les conséquences du mondial 82 quand on avait cru que cette équipe était pérenne et qu'il n'était pas important de donner de l'importance à la formation et au renouvellement des élites.
On est actuellement à chercher des joueurs qui savent taper dans le ballon, d'en faire, au moins, un bon usage.
On est aussi en train de bricoler avec des clubs encore plus bricoleurs avec, à leur tête, des dirigeants dont le seul souci est d'essayer de monter des équipes compétitives avec des joueurs sans grand talent.
Le coach national, Rabah Saâdane, qui a eu à diriger, la DTN le dit : il y a tellement de travail à effectuer dans le football qu'une qualification au Mondial ou à la CAN ou aux deux à la fois n'apporterait rien de nouveau.
Lorsqu'il avait été élu à la tête de la FAF, à la fin de l'année 2001, M. Mohamed Raouraoua avait réussi à sensibiliser les autorités politiques sur les problèmes vécus par le football.
C'est sous sa coupe qu'un plan, dit de «refondation du football», avait été élaboré et discuté lors de deux Conseils interministériels.
Il avait, alors, obtenu certaines garanties que la discipline allait être soutenue. Cela lui avait permis, une première fois de mettre en confiance les clubs de DI et de DII en procédant à leur prise en charge, lors de leurs déplacements dans leurs championnats respectifs, durant toute une saison.
L'expérience n'avait pas été renouvelée en raison de problèmes nés entre la Fédération et le MJS au sujet de l'application du décret 05-405 relatif aux Fédérations sportives.
Le refus par la FAF de se plier à cette exigence (à cause du risque encouru auprès de la Fifa) avait poussé le MJS à priver celle-ci de son droit de recevoir une subvention de la part de l'Etat. C'était en 2006 et la FAF avait activé toute l'année sans les 35 milliards de centimes qui devaient lui être attribués.
Aujourd'hui, c'est le chef de l'Etat en personne qui prend conscience de la nécessité de donner à cette discipline les moyens de mener convenablement sa politique de développement et de formation au bénéfice des équipes nationales et de la jeunesse.
Le football en tant que phénomène social ne peut être traité de la même manière que n'importe quel autre secteur.
Ce sport est un facteur, par excellence, de cohésion sociale. C'est au lendemain de la victoire de son équipe nationale, en finale de la Coupe du monde en 1998, que la France a connu sa croissance la plus marquée depuis des lustres et au Brésil les victoires de la Seleçao ont contribué à faire de ce pays une référence et une puissance régionale en dépit de certaines carences avérées sur le plan social.
Il n'est pas normal que l'Algérie, dont la population est majoritairement jeune et qui dispose de moyens autrement supérieurs à de très nombreux pays, reste à la traîne en matière de football. Le plan qui sera soumis en Conseil de ministres devrait être le point de départ de la vraie dynamique qui le poussera à redorer un blason extrêmement terni par des années de galère.