Yasmine Idjer L’envolée de l'euro se poursuit. La monnaie européenne a franchi le cap de 1,42 dollar, hier, grimpant jusqu'à 1,4244 dollar, un plus haut depuis le 29 décembre dernier.
Si pour l’économie mondiale, la dépréciation du billet vert estampillé de l’image de l’ancien président américain George Washington est un signe de reprise, il n’en est malheureusement pas de même pour l’économie nationale, notamment pour le commerce extérieur.
Un euro fort n’est pas favorable à l’Algérie dont les pays de l’Union européenne sont les principaux partenaires de l’Algérie, avec les proportions respectives de 53,15% des importations et de 52.04% des exportations, selon le Centre national de l’information statistique (CNIS).
Cette dépendance augmente d’année en année. Par rapport à l’année 2007, les importations en provenance de l’UE, qui sont libellées en euro, ont enregistré une hausse de près de 45,46%, passant de 14,43 milliards de dollars en 2007 à 21 milliards de dollars pour la même période 2008.
La situation ne s’annonce guère meilleure en 2009. Au titre du premier trimestre de cet exercice, le volume des importations a frôlé les 10 milliards de dollars, soit une augmentation de 10,07% par rapport aux résultats du premier trimestre2008. La part des importations en provenance des pays de l’Union européenne ne cesse de gonfler avec 56,3% du montant global.
La facture risque donc d’être salée pour l’Algérie qui fait déjà face au spectre d’un déficit commercial d’ici la fin de l’année en cours.
Certes, les prix du baril de pétrole ont amorcé une timide remontée, permettant d’espérer un excédent de la balance commerciale, fut-il minime, mais la faiblesse du dollar efface d’un revers les gains obtenus grâce aux recettes pétrolières.
Balance commerciale en berne Cet état de fait vient encore une fois nous rappeler le caractère pernicieux d’une économie bâtie sur la base de l’exportation d’un seul produit, le pétrole en l’occurrence. Les conséquences d’un euro fort se feront ressentir aussi bien sur le plan macroéconomique que microéconomique, notamment sur le pouvoir d’achat des consommateurs.
Les prix des produits de consommations seront, en effet, plus chers à cause d’une inflation importée. Le taux d’inflation qui était déjà élevé (6,1% durant le premier trimestre 2009), pourrait connaître une forte hausse.
L’évolution des importations en provenance de la zone euro démontre que rien n’a été fait pour revoir la politique inhérente au commerce extérieur et l’adapter aux nouvelles donnes. De nombreux économistes préconisent de développer davantage les échanges commerciaux avec les pays d’Asie et d’Amérique du Nord et du Sud afin de réduire l’impact de la dépréciation du dollar.
D’autant plus que l’Algérie est en train de perdre de son pouvoir d’achat avec des réserves de changes estimées à 143 milliards de dollars mais dont une bonne partie est thésaurisée en bons de Trésor américain. Même la valeur de la monnaie nationale enregistre un glissement par rapport à l’euro.
Le taux de changes officiel, communiqué par la Banque d’Algérie, fait ressortir qu’un euro vaut 105 dinars actuellement contre 99 dinars au 31 avril dernier.