“À front-tiers de poésie” était le thème d’une rencontre de lecture poétique tournant autour des incidents de la chute du mur de Berlin et sur l’imaginaire et le vécu.
Ce rendez-vous, organisé, jeudi passé par le Centre culturel français d’Alger, intervient dans le cadre de la célébration, un peu partout dans le monde, du 20e anniversaire de la chute de ce mur.
Des poètes venus des quatre coins de la planète ont participé à cette rencontre où chacun d’eux a tenté de dire ce que cet événement lui évoque et quelle trace garde-t-il de ce jour historique. Depuis la chute — inattendue, prévisible et souhaitée par tous — du mur, des questionnements à ce jour entourent toujours cet acte (son influence sur les vies, les espérances de tout un chacun, son impact sur la poésie, que ce soit pour les poètes du bloc socialiste ou impérialiste) auxquels les hôtes du CCF ont essayé de répondre, chacun selon sa vision.
Pour Rose-Marie François, poète et romancière belge, le mur lui fait penser à la séparation de l’être aimé malgré soi, les occasions ratées de vivre de belles choses avec l’autre. C’est la déchirure et la distance. Rose-Marie évoque aussi, dans ses souvenirs de jeunesse, la difficulté de circuler pour les hommes dans leur propre pays surtout pour ceux qui vivent à l’est de Berlin.
Krassimir Kavadijev, quant à lui, décrit cette période pour les habitants des pays communistes, comme étant “l’enfer autrement”. Mais le plus important pour lui, c’est l’ombre de ce mur dans le mental des hommes. Bien qu’il soit tombé, beaucoup de choses restent inchangées à nos jours.
Des préjugés et des idées reçues sont toujours là, telle la référence concernant les relations établies entre les Européens des deux blocs. Par ailleurs, tous les intervenants étaient unanimes à dire que la chute du mur de Berlin a ramené des libertés surtout dans le milieu de l’écriture et la poésie.
Paradoxalement, c’était aussi la source de l’édification d’autres murs invisibles pour certains, qui pèsent lourd sur les rapports humains.
Cette lecture poétique est venue exorciser d’anciens démons qui habitent et hantent le mental des acteurs de cette transition historique.
Elle avait pour objectif de mettre des mots pour panser des maux.