QATAR: LES FEMMES PASSENT à L'ACTION
Dans la foulée de Sheikha Mozah, l’épouse de l’émir du Qatar, les
femmes de ce richissime État du Golfe brisent les tabous, s’imposent
dans le business… et ouvrent la voie d’un Islam des Lumières.par De notre envoyée spéciale, Dalila Kerchouche
Chez elle, tout est vertigineux. Ses talons. Sa silhouette. Ses gratte-ciel. Son ambition.
Sheikha Mozah Bint Nasser Al Missned,la sculpturale et charismatique épouse de l’émir du Qatar, voit haut,
et loin. Pour elle, et pour son pays, État confetti du golfe Persique
et siège de la chaîne Al-Jazeera, qui se veut l’anti-Dubaï. Fin
novembre à Doha, c’est avec un spectaculaire show à l’américaine
qu’elle a inauguré le WISE (1) (« sage » en français), premier Davos
de l’éducation avec mille personnalités venues de cent vingt pays –
présidents d’université, ministres ou femmes d’influence, telles
Carla Bruni-Sarkozy et
Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco…
Simple enjeu d’image ? Pas seulement. Car lorsque l’atypique First
Lady en abaya noire (voile traditionnel qui la couvre de pied en cap),
monte à la tribune, la salle entière frémit. « Le droit à l’éducation
est à l’état de mort clinique dans le monde », dénonce-t-elle, en
réaffirmant l’urgence de contrer les « menaces obscurantistes ». En
particulier dans les pays arabes : une femme sur deux y est analphabète.
Si nombre de dirigeants arabes n’utilisent pas toujours les
ressources de leurs pays pour l’intérêt général, nourrissant les
frustrations et les extrémismes, le Qatar, grand comme la Corse mais
doté de la troisième réserve mondiale de gaz, investit massivement ses
pétrodollars pour éduquer ses habitants, notamment les femmes. L’épouse
de l’émir en a fait son combat. En quinze ans, la seule princesse du
Golfe, avec la reine
Rania de Jordanie, à se montrer en public, a bouleversé le statut des femmes. Hier confinées à leur foyer, aujourd’hui
working girls ambitieuses, elles sont la « génération Sheikha Mozah ».
Madame FIGARO