Islam : de nouvelles revendications en entreprise
À
l'hôpital,on compte quatre à cinq incidents par semainedans les
services d'obstétrique car les maris de femmes voilées ne veulent pas
qu'elles soient vues par un médecin homme.
Crédits photo : AFP
De nouvelles exigences religieuses en entreprise et dans les hôpitaux irritent ou inquiètent. Au gré des auditions, les députés ont découvert de nouvelles exigences
religieuses ou communautaristes. Consultant en ressources humaines,
notamment pour des sociétés du CAC 40, Carl Pincemin a raconté comment
des salariés ayant obtenu des menus confessionnels, refusent désormais
que «la viande halal soit proposée à côté de plats contenant de la
viande “normale” jugée impure». En clair, ils désirent des cantines
séparées et ne veulent plus «s'asseoir à côté de personnes qui mangent
du porc !», tempête Jacques Myard, député UMP de la mission. D'autres
ont constitué l'équivalent d'un «syndicat confessionnel». Ils réclament
la reconnaissance de jours fériés musulmans, demandent des lieux de
culte dans l'entreprise et prétendent que les femmes de service
chargées de servir les plats à la cantine doivent se présenter «les
bras couverts».
«Des pratiques intolérables» Ces revendications, de la plus simple aux plus extravagantes posées au nom de l'islam, embarrassent les responsables des entreprises. «Ils perdent leur bon sens», estime l'anthropologue Dounia Bouzar, auteur d'un livre intitulé
Allah a-t-il sa place dans l'entreprise ? (Albin
Michel, 2009). «Certains craignent d'être traités d'islamophobes s'ils
refusent. Et cèdent à des pratiques intolérables.» Jusqu'à accepter que
des salariés ne passent plus l'entretien d'évaluation avec leur chef de
service si c'est une femme. Tandis que d'autres, à l'inverse,
«répriment toute manifestation de foi, même si elle ne perturbe pas le
bon fonctionnement du service». Pour Cathy Kopp, l'ex-DRH d'Accor
chargée de mission au Medef, «l'entreprise est demandeuse de règles
plus claires en matière de revendications religieuses». L'hôpital aussi, si l'on en croit André Gerin (PCF), le président de la
mission parlementairesur le voile intégral. Les députés ont visité à Lyon la maternité
Mère-Enfant. «Le personnel se sent abandonné.» On compte «quatre à cinq incidents par semaine» dans les services d'obstétrique, affirme André
Gerin. «Un homme sage-femme appelé à la rescousse lors d'un
accouchement difficile s'est fait casser la gueule en octobre par un
mari», a raconté le responsable hospitalier. Les pompiers ont dû le
réanimer pour qu'il achève l'accouchement. Un traumatisme pour tout le
service, qui «n'en peut plus» de devoir slalomer entre les exigences
religieuses et déminer l'agressivité de certains. «Les maris insistent
pour que leurs femmes soient vues par des médecins femmes. Beaucoup
refusent une anesthésie par crainte qu'un homme apparaisse», a relaté
le personnel. Comme en 2004, lorsque pour la première fois, plusieurs
chefs de service d'obstétrique avaient dénoncé ces pressions devant la
commission Stasi. Depuis, une charte rappelle qu'on ne peut choisir son
médecin dans le service public. «Mais les personnels restent seuls à
gérer les conflits», regrette André Gérin. Sur le terrain, les maires de banlieue réunis dans l'association
Ville et Banlieue s'inquiètent
d'une montée en puissance des exigences religieuses. Après les repas
sans porc à l'école, les requêtes portent sur des menus sans viande ou
halal. Tandis que la demande pour des créneaux horaires réservés aux
femmes s'accroît dans les piscines et les gymnases.
LE FIGARO