L'inscription «Arbeit macht frei» dérobée à Auschwitz
Flore Galaud (lefigaro.fr) avec agences
L'Allemagne nazie a exterminé de 1940 à 1945 à Auschwitz-Birkenau environ 1,1 million de personnes, dont un million de juifs.
Crédits photo : AFP
Le frontispice en fer de l'ancien camp de mort nazi a été dérobé vendredi par des inconnus. Les enquêteurs privilégient la piste d'un vol sur commande d'un collectionneur ou d'un groupe. La tristement célèbre inscription «Arbeit macht frei» (Le travail rend
libre), qui surmonte l'entrée de l'ancien camp nazi d'Auschwitz-Birkenau, au sud de la Pologne, où 1,1 million de personnes ont trouvé la mort, a été dérobée vendredi à l'aube par des inconnus. «Il s'agit du premier cas aussi grave de vol en ce lieu», a déclaré le porte-parole du musée, Jaroslaw Mensfeld, qui s'est dit très choqué. «Celui qui l'a fait devait bien savoir ce qu'il volait et comment il fallait s'y prendre». Le frontispice en fer forgé, long de cinq mètres, n'était pas difficile à décrocher du dessus de la porte «mais il fallait le savoir», a-t-il précisé. Le ou les voleurs ont dévissé l'inscription d'un côté et l'ont arrachée de l'autre.
Une récompense de 1.200 euros La police a aussitôt ouvert une enquête. Plusieurs dizaines de policiers,
accompagnés de chiens renifleurs, se sont rendus sur les lieux. Des
barrages ont également été posés sur les routes d'Oswiecim (Auschwitz
en polonais). La police a promis une récompense de 5.000 zlotys (1.200
euros) à toute personne dont les informations pourraient aider à
retrouver l'inscription et arrêter les coupables. Selon les
premiers éléments, le vol se serait déroulé entre 3h30 et 5h du matin.
Ce sont les veilleurs de nuit, chargés d'assurer la sécurité du site,
aujourd'hui transformé en musée, qui l'ont constaté. Ils ont transmis
les images des caméras de surveillance aux enquêteurs.
La piste d'un vol sur commande Le chef historique du syndicat Solidarité et ancien président Lech Walesa
s'est déclaré «choqué» par ce vol : «C'est impensable. J'espère que
tout cela s'avèrera une plaisanterie macabre de voleurs de ferraille
qui ne savaient pas ce qu'ils volaient», a-t-il déclaré sur la chaîne
polonaise d'information tvn24. Une hypothèse peu crédible pour
l'instant aux yeux des enquêteurs. «Toutes les pistes sont possibles,
mais nous privilégions celle d'un vol sur commande d'un collectionneur
privé ou d'un groupe de gens», a déclaré le porte-parole de la police
de la ville. «La piste des voleurs de ferraille paraît moins probable
vu le professionnalisme des voleurs et la valeur de l'objet».
Un acte «abominable», estime Israël Reste que ce vol constitue un «acte abominable, qui relève de la
profanation», a estimé le vice-premier ministre israélien, Sylvan
Shalom. «Ce geste témoigne une fois de plus de la haine et de la
violence envers les juifs», a-t-il ajouté. Le président du
mémorial de la Shoah à Jérusalem, Yad Vashem, s'est également dit
indigné. «C'est une véritable déclaration de guerre (...) je suppose
qu'il s'agit de néo-nazis animés par la haine de l'étranger» a expliqué
Avner Shalev. Avant d'estimer : «Ces gens veulent ramener l'Europe
soixante-dix ans en arrière, aux années sombres de la mort et de la
destruction».
LE FIGARO