Nouvelle trahison
Le
calvaire des populations palestiniennes de Ghaza va davantage
s’aggraver et pourrait même tourner à la tragédie. Empêchés par les
Israéliens de se déplacer hors de l’enclave, les Ghazaouis ont réussi
tant bien que mal à contourner l’embargo alimentaire qui les frappe
grâce à des tunnels menant en territoire égyptien. Ces souterrains leur
permettaient jusqu’à ce jour de s’approvisionner, au péril de leur vie,
en vivres et en médicaments achetés en Egypte. Même cette petite
lucarne vers le monde leur sera désormais fermée. En effet, le régime
de Hosni Moubarak a décidé de construire une coûteuse barrière
métallique souterraine entre l’Egypte et Ghaza afin d’isoler totalement
ce territoire du reste du monde, pour le grand plaisir des Israéliens.
L’acte est tellement honteux et criminel que les autorités égyptiennes
n’ont pas osé l’annoncer officiellement, se contentant de confirmer
l’opération à demi-mot, évoquant des « raisons sécuritaires », sans
dire en quoi les malheureux Ghazaouis menaçaient la sécurité de
l’Egypte. Aussi, si les Israéliens sont en train de construire un mur
pour enfermer les Palestiniens de Cisjordanie, Le Caire leur donne la
réplique avec une barrière métallique pour accentuer l’isolement et
l’emprisonnement du peuple palestinien.
Incontestablement, c’est une action concertée entre Le Caire et
Tel-Aviv. D’autant qu’après le lancement du chantier, le patron des
services de renseignement égyptiens, le général Souleïmane, s’est rendu
en Israël pour rencontrer les principaux dirigeants sionistes,
information gardée secrète du côté égyptien. Doit-on s’offusquer outre
mesure ? Depuis les accords de Camp David, le régime cairote est devenu
un sous-traitant d’Israël et entend le rester. Depuis un certain temps
déjà, les gardes-frontières égyptiens abattent les malheureux
clandestins africains qui tentent de pénétrer en Israël. Celui-ci a le
beau rôle. Il a trouvé des tueurs à gages sur mesure. Des ONG
commencent déjà à dénoncer le comportement mercenaire des services de
sécurité de Moubarak.
Si les choses venaient à se gâter, les Israéliens pourront toujours
dire qu’ils n’ont jamais rien demandé aux Egyptiens et qu’ils sont
assez majeurs pour protéger leur pays, surtout qu’ils l’ont prouvé à
maintes reprises.
L’ultime trahison du régime a été cachée jusqu’à ce jour à la rue
égyptienne et quand la vilenie sera connue, le pouvoir de Moubarak sera
dans de beaux draps. Il agit ainsi sans doute parce qu’il a reçu
l’assurance qu’en échange, il sera soutenu dans son plan visant à
préparer l’un de ses enfants pour lui succéder. Pendant ce temps, le
peuple palestinien continue de souffrir et de mourir dans une immense
prison à ciel ouvert. Pour avoir trop lié son destin à celui des
« frères arabes », particulièrement égyptiens, il va être plongé dans
une immense solitude et donné en pâture aux sionistes les plus ultras
partisans du grand Israël grâce au Caire.
Par Tayeb BelghicheEL WATAN