Interdiction du voile intégral pendant les examensIl est désormais interdit aux étudiantes égyptiennes de se présenter voilées à leurs examens
AFP
La
justice égyptienne a annoncé le 3 janvier que les étudiantes portant le
niqab seraient désormais interdites d’examen. Elle donne ainsi raison
au ministère de l’Éducation supérieure qui, par cette mesure, déclare
vouloir éviter les fraudes.Entre porter le niqab et
passer des examens en Égypte, il faut désormais choisir. Le 3 janvier,
un tribunal égyptien a décidé que les Égyptiennes revêtant le voile
intégral, celui ne laissant entrevoir que les yeux, ne seraient plus
autorisées à passer leurs épreuves.
La juridiction déboute ainsi la cinquantaine d’étudiantes qui avaient
signé une pétition dénonçant cette interdiction. Elle avait été
introduite en octobre par le ministère de l’Éducation supérieure pour
lutter contre la fraude.
Usurpation d’identitéLes autorités avancent que des étudiants de sexe masculin et féminin
profitent du pouvoir couvrant du niqab pour passer des examens à la
place de leurs camarades.
Reste que l’affaire n’a pas fini de faire des remous. Les étudiantes
déboutées, pour certaines en pleurs à l’annonce du jugement, sont
déterminées à faire appel. Et à braver l’interdiction en se présentant
aux épreuves vêtues du niqab. Elles prétendent que la décision
gouvernementale menace leur liberté de culte.
« Nos droits sont violés »« Nos droits sont violés. Quelle liberté aurions-nous après cela ? Où
est la liberté en Egypte ? », a déclaré l’une d’entre elles à
Al-Jazeera. « Je jure que je poursuivrai quiconque m’empêchera de
passer mes examens. Je n’enlèverai jamais mon niqab, jamais »,
renchérissait une autre étudiante.
Le problème est plus profond qu’il n’y paraît : certains conservateurs
craignent que la mesure gouvernementale ne mette en péril la
scolarisation des filles en milieu rural. Ils soulignent que dans
plusieurs régions égyptiennes et yéménites, porter le niqab relève de
la tradition et que celles qui le portent seront marginalisées.
Pour et contreLe bras de fer intervient alors que le gouvernement s’inquiète de la
hausse constante du port du voile intégral ces dernières années. Une
hausse qu’il assimile à un dangereux raidissement religieux.
Cette position semble partagée par
la prestigieuse université d’Al-Azhar,
au Caire qui, au début d’octobre, avait décidé « d'interdire aux
étudiantes et enseignantes de porter le niqab dans les cours fréquentés
par les femmes et qui sont donnés par elles uniquement ».
Mais de nombreuses organisations islamiques - et notamment les Frères
musulmans, principale force d’opposition - reprochent au pouvoir une
attitude jugée liberticide.
Jeune Afrique