CAN-2010 : l'Angola en haut de l'afficheL'Angola figure seulement à la 95e place du dernier classement Fifa
AFP
Zoom sur ce grand producteur de pétrole qui accueillera la Coupe d'Afrique des Nations du 10 au 31 janvier.Emergeant
de 27 années de guerre civile, l'Angola fait son retour sur le devant
de la scène: le pays a accueilli fin décembre un sommet de l'Opep et
s'apprête à recevoir la
Coupe d'Afrique des nations (CAN-2010) de football (10-31 janvier).
L'Angola n'est pourtant pas encore une grande puissance sportive et
son équipe de foot figure seulement à la 95e place du dernier
classement Fifa.
A domicile, les "Antilopes Noires" (Palancas Nagras) de l'Angola
pourraient parvenir à se qualifier dans un groupe qui réunit le Mali,
l'Algérie et le Malawi. Mais dès les quarts de finale, l'équipe risque
de se retrouver face à la Cote d'Ivoire ou au Ghana, deux anciens
demi-finalistes.
Le boom de l'Angola est avant tout économique. Après avoir connu des
taux de croissance vertigineux (+20,2% en 2006), l'ancienne colonie
portugaise a souffert de la récession planétaire cette année mais s'est
imposée comme le premier producteur de pétrole brut en Afrique, à
parité avec le Nigeria.
Ses ressources pétrolières assurent à l'Angola 95% de ses recettes à
l'exportation et irriguent un flux ininterrompu de capitaux étrangers,
notamment chinois, qui viennent financer la reconstruction d'un pays
sorti de la guerre en 2002.
InfrastructuresRiche en pétrole, l'enclave de Cabinda, placée au nord entre la RDC
et le Congo, est également le théâtre de troubles séparatistes causés
par le Front de libération de l'enclave de Cabinda (FLEC), qui s'est
toutefois voulu rassurant avant la CAN.
A Luanda, le ciel est strié de grues et d'échaffaudages, et de
nouveaux bâtiments semblent sortir de terre chaque jour. Un nouvel
aéroport vient ainsi tout juste d'ouvrir ses portes. Et ce sont des
entreprises chinoises qui ont réalisé les quatre stades nécessaires à
la CAN.
Le luxueux hôtel qui a accueilli fin décembre l'Organisation des
pays exportateurs du pétrole (Opep) avait été inauguré seulement une
semaine auparavant.
Ailleurs dans le pays, la rénovation en cours de la ligne
ferroviaire de Benguela (ouest) pourrait ouvrir la voie à une
exploitation d'importants gisements de minerais, et notamment d'uranium.
Le pays "est engagé sur le chemin de la croissance. Nous allons
attirer des touristes avec la CAN et montrer une nouvelle image du
pays", assure Noberto Garcia, conseiller économique régional du MPLA,
le parti au pouvoir.
Le miracle économique a toutefois sa face sombre. "L'Angola a un
revenu par tête d'un pays intermédiaire mais présente les
caractéristiques d'un pays sous-développé", diagnostique Septime
Martin, de la Banque africaine de développement.
"Montrer une nouvelle image du pays"Selon l'ONU, 70% de la population survit avec deux dollars par jour
et l'indice de développement humain du pays est l'un des plus bas au
monde.
A Luanda, la manne pétrolière n'a pas fait reculer les bidonvilles,
même si le gouvernement a lancé un plan de construction d'un million de
logements "sociaux" d'ici à 2012.
Et sur le front de la reconstruction, certains travaux engagés n'ont
pas donné les résultats espérés. Cette année, les Angolais "se sont
rendu compte qu'ils avaient jeté l'argent par les fenêtres, et que
beaucoup de projets se sont soldés par des résultats médiocres à cause
notamment de la corruption", affirme Tom Dickinson, expert de l'OCDE.
Le pays figure au 162e rang sur 180 dans le classement des pays les moins corrompus établi par Transparency International.
Certains stigmates de la guerre continuent en outre d'entraver
l'essor de l'agriculture, qui faisait auparavant la force du pays.
"Il faut déminer tout le pays. Les mines anti-personnel ont été
posées de manière anarchique, ça prendra des années", déplore un
conseiller économique occidental sous couvert de l'anonymat.Jeune Afrique