La Martinique et la Guyane consultées sur leur autonomie
Guillaume Perrault
A Cayenne, en Guyane, on prépare les documents électoraux pour le référendum de dimanche.
Crédits photo : AFP
Les habitants de ces départements se prononcent dimanche sur le changement de statut de leurs collectivités. «Approuvez-vous
la transformation de la Martinique en une collectivité d'outre-mer
régie par l'article 74 de la Constitution, dotée d'une organisation
particulière tenant compte de ses intérêts propres au sein de la
République ?» La question posée dimanche aux électeurs de Martinique -
la même sera soumise en Guyane - n'est pas d'une grande clarté. Mais
les termes du débat sont connus depuis longtemps dans les départements
français d'Amérique. Et, un an après la crise sociale et les troubles
qu'ont connus ces territoires - et qui n'ont pas atteint la même
intensité qu'en Guadeloupe - Nicolas Sarkozy accède à une demande
exprimée par la majorité des élus locaux lors des états généraux de
l'outre-mer. La question posée dimanche n'est pas celle de
l'indépendance, rejetée par une grande majorité de la population. Le
gouvernement offre aux habitants de la Martinique et de la Guyane le
choix entre deux innovations possibles. La première consiste à créer
une collectivité unique dotée de compétences beaucoup plus larges que
les régions en métropole, à l'image de la Polynésie française et de la
Nouvelle-Calédonie, qui disposent aujourd'hui d'un véritable
gouvernement. Tel est l'objet du référendum de demain. En cas de
victoire du oui, le Parlement déterminera le degré d'autonomie et les
nouvelles compétences accordées à la Martinique et à la Guyane.
Évolution institutionnellle En
revanche, si le non l'emporte dans l'un de ces territoires, un nouveau
référendum y sera organisé deux semaines plus tard. Le gouvernement
proposera alors aux habitants une évolution institutionnelle plus
modeste, qui consiste à fusionner département et région dans une
assemblée unique aux compétences a priori inchangées. En cas de
nouvelle victoire du non à ce deuxième référendum, le statu quo
prévaudra. Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l'Outre-Mer,
n'a pas pris officiellement position en faveur de l'un ou l'autre de
ces scénarios. Mais l'ordre des référendums suggère clairement que le
gouvernement souhaite la victoire du oui dimanche. Lors d'un précédent
référendum, le 7 décembre 2003, la fusion du département et de la
région avait été refusée par 72,98 % des votants en Guadeloupe et
50,48 % d'entre eux en Martinique. Beaucoup d'élus appellent à
voter oui. Le président du conseil général de Martinique, Claude Lise,
apparenté socialiste, estime que l'échec du référendum «priverait d'un
outil de développement extrêmement important». D'autres élus
espèrent la victoire du non et l'ont exprimé lors d'un débat organisé à
l'Assemblée le 7 décembre. Alfred Almont, député UMP de Martinique, a
souligné que les élus locaux avaient marqué leur volonté d'instituer
une préférence locale en matière d'accès à l'emploi privé s'ils en
avaient demain la faculté grâce à leurs nouvelles prérogatives. Sans
préjuger du choix des électeurs, Michel Diefenbacher (UMP,
Lot-et-Garonne) a observé que, «quand on souhaite plus d'autonomie, il
faut en avoir les moyens financiers». Et Abdoulatifou Aly, député MoDem
de Mayotte, a craint que la victoire du oui en Martinique ou en Guyane
«ouvre la voie au règne de l'arbitraire de potentats ou de roitelets
locaux».
le figaro