Un leader démocrate taxé de racisme anti-Obama
Constance Jamet (lefigaro.fr) avec AFP et AP
Harry
Reid et Barack Obama (ici en 2006) entretiennent des liens forts. Dès
2006, Harry Reid avait suggéré à celui qui n'était alors que sénateur
de l'Illinois de se présenter à la Maison-Blanche.
Crédits photo : AP
Dans
un livre, Harry Reid, chef de la majorité démocrate au Sénat, explique
que le président doit son succès à sa « peau claire» et au fait qu'il
n'utilise «pas d'expressions de nègre». Si l'intéressé a accepté les
excuses du sénateur, les républicains exigent sa démission. Un
livre sur les coulisses de la présidentielle de 2008 sème la pagaille
dans la classe politique américaine. Depuis la publication, ce
week-end, des
bonnes feuilles de
Game change, le chef de la majorité démocrate au Sénat est dans la tourmente et est accusé de racisme.
Game changereproduit une conversation privée entre ses auteurs journalistes et
Harry Reid au cours de laquelle le sénateur du Nevada attribue la
popularité de Barack Obama à «sa peau claire» et à ses discours libres
de toute «expression nègre, sauf s'il veut le faire». Le Parti
républicain est immédiatement monté au créneau, exigeant la démission
du cacique démocrate. «C'est le reflet d'une attitude», a
dénoncé Michael Steele, le président afro-américain du Parti
d'opposition. «Cela démontre un état d'esprit rétrograde quand vous
utilisez des expressions des années 50 ou 60», du temps de la
ségrégation , a fustigé Michael Steele, indigné par le mot «nègre». Les
conservateurs, qui ont vu en 2002 leur chef
quitter la présidence du groupe au Sénat suite
à des remarques à caractère racial, ont reproché aux démocrates d'être
bien plus tolérants lorsqu'un des leurs était sur la sellette.Des
appels au retrait qu'Harry Reid a ignorés. L'élu du Nevada, qui exclut
de partir,
a riposté très vite. Dès
samedi, le sénateur a contacté plusieurs responsables politiques
afro-américains et a téléphoné à Barack Obama. Le président américain a
accepté sans réserve les excuses de son ami. «Le dossier sur ces propos
‘malheureux' est clos. Je connais Harry depuis des années, j'ai vu la
détermination passionnée qu'il a montrée sur les questions de justice
sociale et je sais ce qu'il y a dans son cœur», a insisté le locataire
de la Maison-Blanche. «En tant que leader dans la lutte pour faire
adopter le Voting Rights Act et la législation interdisant les crimes
liés à la haine (raciale), j'ai une longue expérience des problèmes des
Afro-américains. Les républicains critiques, qui cherchent à politiser
l'affaire, ne peuvent pas en dire autant», a rappelé de son côté Harry
Reid.
Game change, une mine d'informations embarrassantes Les deux hommes entretiennent
des liens forts.
Dès 2006, Harry Reid avait suggéré à celui qui n'était alors que
sénateur de l'Illinois de se présenter à la Maison-Blanche. En tant que
chef de la majorité démocrate au Sénat, l'élu du Nevada est un rouage
indispensable à l'administration Obama. Il a joué un rôle crucial pour
convaincre
les démocrates d'approuver les mesures phares du
44e président des Etats-Unis : réforme de la santé, plan de relance… Et
Barack Obama souhaite éviter tout remous avant l'adoption de sa loi sur
la couverture maladie. Le mea-culpa du sénateur de 70 ans, qui a
regretté «d'avoir offensé avec ses termes si mal choisis les
Afro-américains», semble fonctionner. Il a reçu le soutien du révérend
Al Sharpton, de la National Association for the Advancement of Colored
People. Cependant, cette polémique intervient à un moment délicat. Le
sénateur, en baisse dans les sondages, remet son siège en jeu lors des
élections de mi-mandat, en novembre. Outre les confidences de Harry Reid,
Game change, qui sort lundi, recèle
des informations embarrassantes aussi
bien pour les républicains que les démocrates. L'ouvrage se base sur
les interviews de 200 proches anonymes des protagonistes de la
présidentielle 2008. Il révèle notamment l'étendue de l'amertume des
Clinton face à l'ascension fulgurante de Barack Obama. Les journalistes
Mark Halperin (
Time) et John Heilemann (
New York Magazine) affirment que
Bill Clinton,
cherchant à obtenir pour sa femme le soutien de Ted Kennedy, aurait
scandalisé le vieux lion en déclarant : «Obama aurait été, il y a
quelques années de cela, le gars qui nous aurait apporté le café».
Game change décrit aussi une Sarah Palin croulant sous les fiches de synthèse, quelques heures avant
sa désastreuse interview avec Katie Couric sur
CBS.
L'ex gouverneur de l'Alaska, assure le livre, se serait aussi
longuement plainte, avant son entrée sur le plateau, de son maquillage,
«se décoiffant et se lamentant d'avoir l'air grosse».le figaro