Coup de froid entre Alger et WashingtonLes relations algéro-américaines
prennent un sérieux «coup de froid». Au niveau diplomatique en tout
cas, rien ne va plus entre Alger et Washington.
Kamel Amarni - Alger
(Le Soir) - Lundi, l’ambassadeur des Etats-Unis à Alger a même été
convoqué officiellement par le ministre des Affaires étrangères, Mourad
Medelci, qui lui transmettait «les vives protestations du gouvernement
algérien suite à la décision prise par les autorités américaines
d’inclure les ressortissants algériens dans une liste de pays dont les
nationaux seront soumis à des mesures spécifiques de contrôle vers ou à
partir des points d’entrée aériens américains ». Cette liste, pour
rappel, a été dressée fin décembre dernier par le département d’Etat et
comprend quatorze pays dont l’Algérie, le Yémen, la Libye,
l’Afghanistan. Les ressortissants de ces pays-là sont ainsi jugés
potentiellement plus «suspects » et enclins à avoir des penchants
subversifs, et ce, au lendemain même d’une tentative avortée d’un
ressortissant nigérian affilié à Al-Qaïda de faire exploser en vol un
avion d’une ligne américaine. Dans le communiqué du ministère des
Affaires étrangères qui faisait état de la convocation de l’ambassadeur
US, les termes ont été particulièrement forts. Ladite mesure y a ainsi
été jugée «malencontreuse, injustifiée et discriminatoire». Et en
langage diplomatique, un ton pareil est généralement l’expression d’une
certaine tension. Une source gouvernementale à haut niveau nous confie,
d’ailleurs, que le mécontentement d’Alger est même antérieur à «cette
mesure malencontreuse, injustifiée et discriminatoire». Le début de
cette crise diplomatique, qui ne dit pas son nom, remonte au 7 décembre
dernier à l’occasion de la visite officielle de Mourad Medelci à
Washington. «Notre ministre n’a pas eu droit à l’accueil dû à son
rang», révèle notre source. Ainsi, et «après avoir refusé d’être passé
au scanner à son arrivée à l’aéroport, comme un quiconque voyageur, il
y a eu entorse grave au protocole à la fin de la visite». En effet, et
lors de la traditionnelle conférence de presse commune clôturant ce
genre la visite, les Américains dérogent à la règle : seul un seul
pupitre, celui de Hilary Clinton était prévu. «Ce genre de traitement
est réservé habituellement à des représentants de pays de seconde zone
ou alors à ceux d’Etat non souverain. A très haut niveau, les autorités
algériennes considèrent cette habitude fort inamicale», nous révèle
encore notre source. Laquelle «indiscrétion» qui nous confie, par
ailleurs, que «des mesures de réplique côté algérien sont à prévoir.
Elles sont actuellement à «l’étude». Sur bien des dossiers, l’Algérie
constitue pourtant un partenaire incontournable pour les Américains,
notamment l’énergie, mais aussi et surtout la lutte antiterroriste.
K. A.