Il est resté stoïque devant le verdict !
Peine capitale pour l’assassinat d’un danseur
La
mine revêche, B. Yahia, âgé de 27 ans, s’avance à la barre d’un pas
nonchalant. Son regard inquisiteur balaie furtivement les membres du
tribunal criminel avant qu’il ne baisse la tête.
Il
comparaissait, le 23 février dernier, sous le principal chef
d’accusation d’assassinat. Le président le jauge avant de l’inviter à
donner sa version des faits : « Racontez-nous ce qui s’est passé. » De
but en blanc, l’accusé rétorque sans lever la tête : « Je n’ai rien à
dire et je ne veux pas parler. » Décontenancé, le magistrat martèle :
« C’est votre procès et je vous rappelle que vous avez le droit de vous
défendre. Nous vous écoutons. »
Impassible et tout en gardant la tête baissée, l’accusé ergote : « Je
demande que mon procès soit reporté, je n’ai rien à dire de plus. » La
voix du magistrat monte d’une octave lorsqu’il s’adresse au greffier :
« Consignez les déclarations de l’accusé ! » Poursuivi pour les même
griefs, B. Ali, 29 ans, est appelé à la barre en qualité de témoin. Il
introduit un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême avant
l’enrôlement de cette scabreuse affaire qui a semé la consternation
parmi la population oranaise. Ses petits yeux mobiles toisèrent son
coaccusé et, l’espace de quelques secondes, les deux assassins se
regardèrent en chiens de faïence.
A travers des déclarations contradictoires, il récite l’horreur de
cet après-midi du 8 mai 2008, qui a eu pour cadre l’appartement de la
victime, B. Abderrahmane, sis dans un immeuble de la cité Lescure, à un
jet de pierres seulement du palais de justice où il devait répondre de
ses actes. B. Abderrahmane a convié, ce jour-là, les deux mis en cause
à partager sa table dans son domicile. Il était loin de se douter que
ce duo infernal avait concocté son élimination physique de la manière
la plus sauvage que l’on ne puisse imaginer. L’hôte, un danseur
occasionnel, connu sur la place d’Oran, qui se produisait dans les
fêtes de mariages, a subitement été attaqué par ses deux invités armés
de coutelas. Après la perpétration de leur forfait, ils ont enfoui le
corps sans vie dans un sac poubelle pour le transporter, plus tard dans
la nuit, jusqu’à une décharge située sur le territoire de la commune
d’El Braya, à quelques encablures de la sortie sud d’Oran. Sur les
lieux, ils ont imbibé le cadavre d’alcool avant d’y mettre le feu.
L’absence prolongée et sans autorisation de la victime de son poste de
travail, au niveau du service des passeports de la wilaya d’Oran, a
suscité l’inquiétude chez ses proches qui ont avisé les éléments de la
police judiciaire. Les informations fournies par un étudiant, A. Rahim,
une accointance de la victime, poursuivi dans cette affaire pour
non-dénonciation de crime, ont permis aux policiers d’identifier et
d’appréhender les auteurs de cet assassinat. « Ce qu’il a raconté est
vrai », glapit B. Yahia en affichant un air canaille.
Le président le jauge un instant, en faisant vraisemblablement un
effort pour réprimer sa répulsion, avant d’inviter les trois prévenus à
regagner leur place dans le box des accusés. Au terme d’un réquisitoire
fleuve, le représentant du ministère public a requis la réclusion
criminelle à perpétuité à l’encontre de B. Yahia et 4 ans de prison
contre A. Rahim. A l’issue des délibérations, les membres du tribunal
criminel ont rejeté à l’unanimité la requête de la défense relative au
bénéfice des circonstances atténuantes. B. Yahia a été condamné à la
peine capitale et A. Rahim à 2 années de réclusion. Préoccupé par la
contemplation de ses bouts de souliers, B. Yahia est resté stoïque à
l’annonce du verdict.
Par [url=mailto://]Rachid Boutlélis[/url]