Chef de l’institution sunnite d’Al Azhar L’imam Tantaoui est mort
Cheikh
Mohamed Sayed Tantaoui, grand imam d’Al-Azhar (Egypte), la plus haute
institution d’enseignement de l’Islam sunnite, est décédé hier en
Arabie Saoudite d’une crise cardiaque. Modéré,
proche du pouvoir mais aussi controversé, il est mort d’une attaque
foudroyante à l’âge de 81 ans, alors qu’il se trouvait à l’aéroport de
Riyad pour regagner Le Caire. Le religieux était en Arabie Saoudite
pour assister à la remise du Prix international du roi Fayçal mardi
soir. Il doit être inhumé à Médine (Arabie Saoudite), deuxième Lieu
Saint de l’Islam, a indiqué l’un de ses fils. « Le monde islamique et
arabe perd un homme de savoir et un jurisconsulte qui s’était consacré
à tout ce qui pouvait être bon pour l’Islam et pour les musulmans », a
déclaré la direction d’Al-Azhar. Homme d’allure discrète, portant une
barbe courte et habitué à parler à voix basse, l’imam Tantaoui avait
été nommé en mars 1996 par Moubarak à la tête d’Al-Azhar. L’institution
est considérée comme le premier lieu d’enseignement de l’Islam sunnite,
majoritaire dans le monde musulman et un centre important de diffusion
de fetwas (décrets religieux) destinées au monde sunnite.
L’enseignement d’Al-Azhar est censé faire contrepoids à la montée de
l’Islam radical. Cheikh Tantaoui a pris plusieurs fois des positions
modérées sur des questions religieuses sensibles, dans un pays gagné
par un Islam rigoriste inspiré par les Frères musulmans et le
salafisme. En octobre, il avait soulevé une vive controverse en
affirmant que le niqab, le voile intégral ne laissant voir que les yeux
des femmes, n’était « qu’une tradition », pas une obligation
religieuse. Il avait également condamné le terrorisme, estimant que
« l’extrémisme est l’ennemi de l’Islam ». Il s’était également opposé à
l’excision des fillettes, contrairement à son prédécesseur,
l’ultra-conservateur cheikh Gad Al Haq. En 2008, il avait été critiqué
pour une poignée de main avec le président israélien, Shimon Peres,
lors d’une conférence à New York. Il avait à l’époque affirmé ne pas
savoir à qui il serrait la main. Son autorité souffrait toutefois aux
yeux de nombreux fidèles de sa proximité avec le pouvoir, et de la
montée en puissance des Frères musulmans, première force d’opposition
du pays. Né en 1928 dans le village de Salim (province de Sohag, à 290
km) diplômé de la faculté de théologie en 1966, il a écrit un grand
nombre de livres sur l’interprétation du Coran. Le religieux,
diabétique, souffrait de problèmes cardiaques.