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 Le retour en force du travail des femmes

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AuteurMessage
Dulce
Fondatrice
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Dulce


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Localisation : Alger
Emploi/loisirs/études : Actuellement superviseur en OFFSHOR et en MAGISTER II EN TRADUCTION ECOLE DOCTORALE D'ALGER
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Date d'inscription : 18/09/2007

Le retour en force du travail des femmes  Empty
MessageSujet: Le retour en force du travail des femmes    Le retour en force du travail des femmes  Icon_minitimeDim 15 Aoû - 11:44


Qu’elles soient
mariées, célibataires, veuves, divorcées, retraitées, sœurs ou mères,
qu’elles aient déjà exercé un emploi ou jamais, qu’elles soient
diplômées ou non, on assiste ces dernières années de plus en plus à un
accroissement du nombre de ces femmes cherchant un emploi dans
différents domaines
.




Auparavant, la question du travail de la
femme a été longtemps contestée dans notre société. Aujourd’hui, ce sont
les hommes, qu’ils soient pères, frères ou maris, qui demandent et
encouragent les femmes à aller travailler.

Face
au chômage, aux problèmes économiques et sociaux, et leur impact sur le
niveau de vie des familles, un nombre important de femmes ont décidé
d’aller à la recherche d’un travail, principalement celles dont les
maris sont en retraite ou au chômage et ayant des enfants.
“Plusieurs
facteurs ont influencé le retour des femmes sur le marché du travail. À
savoir le chômage, la cherté de la vie, la scolarité des enfants et
beaucoup d’autres facteurs, qui ont engendré au fil de ces dernières
années des effets sur la structure familiale et donné une nouvelle
mutation à la société algérienne. Il y a quelques années, la majorité
des hommes algériens n’acceptaient pas que leurs épouses, sœurs ou mères
travaillent. Aujourd’hui, c’est le contraire. Beaucoup d’hommes
préfèrent épouser une femme active pour pouvoir construire une vie à
deux”, nous révélera Tahar Abdellaoui, du service de diffusion – DPDDI, à
l’Office national des statistiques (ONS). Selon l’enquête sur l’emploi
auprès des ménages réalisée en 2009 par cet organisme, la principale
cause de cette situation est due essentiellement au taux de chômage,
estimé à 10,2%, qui a engendré de fortes inégalités entre les hommes et
les femmes (8,6% chez les hommes et 18,1% chez les femmes). D’après
certains témoignages, ces inégalités se concentrent au niveau des postes
d’emploi.
“Nombreux sont ceux qui pensent qu’il y a beaucoup
d’emplois que la femme ne peut pas assumer. Pourtant, sur le terrain, il
suffit d’aller dans les stations d’essence et même dans les chantiers
où des femmes font des boulots réservés auparavant aux hommes. Si la
femme algérienne a accepté de sortir de chez elle pour chercher un
emploi pour n’importe quelle rémunération, c’est parce qu’elle est
réellement dans le besoin et qu’il y a un malaise social quelque part”,
témoignera, de son côté, un médecin généraliste. Et d’ajouter :
“Plusieurs femmes viennent se faire soigner chez moi et avant de
repartir, elles me sollicitent pour un emploi. La majorité sont
généralement contraintes devant la cherté de la vie et les besoins
pressants de leurs enfants.” Rencontrée au niveau de la Cnas, une dame
d’un certain âge nous révélera qu’elle est venue pour un entretien
d’embauche.
“Depuis que mon mari est en retraite, je suis à la
recherche d’un travail.” Écoutant notre conversation, une autre femme
enchaînera : “Quand je me suis mariée, mon mari m’a interdit de
travailler. Je suis restée chez moi pendant vingt ans à élever mes
enfants et m’occuper de mon foyer. Après quelques années, mon mari a
quitté son emploi. Notre situation financière s’est dégradée. Surtout
que mes enfants ont grandi et ont besoin de moyens financiers pour
continuer leurs études. Mon mari a frappé à toutes les portes pour
trouver un travail, en vain. Devant cette situation critique, nous
n’avions aucun choix. Alors, j’ai décidé d’aller tenter ma chance pour
trouver un poste. Comme je suis diplômée en informatique, j’ai été
recrutée par une société privée comme secrétaire. Il est vrai que ce
n’est pas facile du tout pour le conjoint d’accepter que sa femme
travaille tandis que lui chôme, mais les temps ont changé et il n’y a
pas de mal que l’épouse, la sœur ou la mère contribuent à apporter une
aide à sa famille.” Un avis partagé par Nouria, une couturiére habitant à
Bab Ezzouar. “Il n’est pas question que tu travailles. Je suis l’homme
de la maison et je n’ai rien à faire de ton argent”, me balança au
visage mon mari les premiers jours de mon mariage quand j’ai décidé de
continuer mon travail de couturiére après notre union. “Mais après la
venue des enfants, la cherté de la vie et l’impossibilité de joindre les
deux bouts, il a tout de suite changé d’avis et accepté que je reprenne
mon métier, et, bien sûr, quand il est en panne d’argent, je sers de
caisse.” “S’il vous plaît, aidez-moi à trouver un emploi comme femme de
ménage à n’importe quel salaire”, me demanda une voisine. “Est-ce que
votre mari est d’accord ?” lui demanderai-je. “Vous savez, toutes mes
disputes avec lui sont dues à cela. Il refuse de me donner de l’argent
en plus pour payer les cours des enfants et leurs activités sportives.
D’ailleurs, nous étions obligés de les priver de beaucoup de choses, et
c’est pour cela que je cherche n’importe quel emploi. C’est lui qui
m’encourage après avoir refusé depuis des années.”

Selon une enquête
réalisée par le CENEAP
“La
société algérienne a connu des transformations profondes dont les
repercussions sur la structuration des familles sont encore
difficillement quantifiables, mais elles peuvent etre formulées à
travers une crise de logement, un niveau de chomage important et une
augmentation de l’emploi précaire qui contribuent à alimenter la
pauvreté et à accroître les difficultés des chefs de familles”,
analyse le Ceneap. Cependant, “l’évaluation des facteurs de
developpement met en évidence certaines ruptures sectorielles,
territorielles et institutionnelles engendrant des incidences négatives
sur la famile algerienne, dont la précarisation et l’appauvrissement de
certaines catégories sociales, voire de certaines régions du pays”. “Ce
sont ces facteurs qui ont donné cette nouvelle tendance familiale où la
femme se trouve obligée de chercher du travail pour subvenir aux besoins
de sa famille. En effet, la recherche d’un nouveau modèle de famille ne
se fera pas sans heurts au regard des stratégies matrimoniales
dominantes. Parmi les faits les plus marquants de cette fin de siècle :
le retour de la femme dans le marché de l’emploi. Son rôle au sein de
la famille et de la société se posent de manière encore plus
exacerbée. Parmi les femmes ayant déclaré exercer une activité à
domicile (8,5% des occupées), 50% font de la couture et ou du
tricotage et laine, 13% de la vannerie, 11% de la tapesserie et 5% de
la pâe alimentaire. Cependant , seul le tiers de cette production
est destinée au commerce, les 62% restants passent par un tiers. Il est
important de souligner que dans plus de 50% des cas, le rendement des
ventes ne revient pas à la personne même. En effet, ces ventes
profitent au chef du ménage dans 29% des cas et partagées entre le
chef de ménage et la personne concernée dans 21% des cas”, d’après
l’étude réalisée par le centre national d’études et d’analyse pour la
population et le developpement (Ceneap) sur les mutations des structures
familiales.

L’activité en dehors du foyer :
une question complexe
Il
est souligné aussi dans le document que “l’activité de la femme en
dehors de son foyer est une autre question qui suscite un débat et qui
révéle en même temps le degré d’implication de la femme dans le
processus de developpement”. Ainsi, 85,9% des avis sont favorables au
“droit de la femme à l’emploi, si bien que 69,7% pensent que celle-ci ne
doit pas exercer n’importe quelle activité”. Quant aux limites imposées
pour l’exercice d’une activité rémunérée, elles résident pour “59% des
cas dans la dureté du travail, dans la mixité, dans le milieu de travail
pour 14,4% des cas”, selon toujours le document du Ceneap, qui souligne
également que si le premier avis se base sur l’incapacité physique de
la femme de surpasser les difficultés posées par certaines activités, le
deuxième exprime un courant conservateur en ce sens qu’on admet une
stratification dans le travail en fonction justement du sexe biologique.

Selon les experts du Ceneap, les raisons avancées par ceux qui sont
contre le travail de la femme convergent, dans leur majorité (60,5%), a
dire que celle-ci doit d’abord fonder un foyer et s’en occuper. En
outre, si “84,2% des avis sont favorables au travail de leur fille et
72% de leur sœur, il n’en demeure pas moins que la moitié (50,5%) sont
contre le travail de l’épouse et 66,3% de la mère. Cela illustre
parfaitement la complexité de la question et dénote les différentes
sources de pressions exercées sur la femme en ce sens qu’une femme peut
être à la fois sœur, épouse et mère. Ce qui amplifie l’antagonisme
autour de ce sujet au sein des ménages élargis”.

Entre le travail et la famille, la société tranchait pour la deuxième
D’après
l’étude du Ceneap, l’activité des femmes à l’extérieur du ménage était,
pendant près de deux décennies, une “phase de transition” entre deux
modes de vie. “Les changements de statuts matrimoniaux de célibataire à
mariée, et celui de mariée sans enfant à mariée avec enfant étaient des
facteurs qui mettaient fin à la carrière professionnelle. Entre le
travail et la famille, la société tranchait pour la deuxième. Dès que la
femme se mariait et avait un enfant, elle quittait, parfois malgré
elle, son emploi.” Et c’est pour cela qu’aujourd’hui, 62,7% des femmes
optent pour l’activité avant le statut matrimonial. “Il ne faut pas
croire que ce sont les mentalités qui ont changé. Simplement,
aujourd’hui, l’homme a besoin de l’aide financière de son épouse. Il
n’osera jamais avouer qu’il donne son accord à son épouse ou à sa sœur
pour aller chercher un travail parce qu’il est ouvert et moderne ou
qu’il croit à son droit au travail. Aujourd’hui, nous sommes dans une
conjoncture économique des plus difficiles. La contribution financière
de la femme est plus que nécessaire”, nous révélera Djamila, professeur
dans un lycée. Ainsi, les femmes sont de plus en plus nombreuses à la
recherche d’un travail à temps plein ou à temps partiel dans toutes les
villes d’Algérie, même pour celles qui sont dans les villages les plus
lointains.



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