Des Algériens dépossédés de leurs terres au Maroc
par Amine L.
La dépossession des Algériens de leurs terres au Maroc sans aucune forme
d'indemnisation préoccupe le gouvernement algérien. La question a été
évoquée par Halim Benatallah, secrétaire d'Etat en charge de la
communauté nationale à l'étranger, lors de sa visite, mercredi dernier,
au Maroc. «La question des ressortissants algériens établis au Maroc
dépossédés de leurs terres agricoles, représentant des centaines
d'hectares et non indemnisés, est au centre des préoccupations du
gouvernement algérien, d'autant plus qu'à l'inverse, des ressortissants
européens dans la même situation ont pu recouvrer leurs droits.» C'est
ce qu'a déclaré M. Benatallah qui a exprimé sa «disponibilité à examiner
tous les dossiers en suspens, pour peu que le partenaire affiche un tel
état d'esprit».
Benatallah a émis cette déclaration lors d'un entretien tenu dans la
capitale marocaine, Rabat, avec son homologue marocain, Mohamed Ameur,
ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la communauté
marocaine à l'étranger. Hier vendredi, le secrétaire d'Etat s'est rendu à
Berkane, à 60 km au nord d'Oujda, où il a visité une famille algérienne
victime d'expropriation prise par les autorités marocaines, en vertu du
Dahir royal du 2 mars 1973.
La décision des autorités marocaines a affecté près de 20.000 hectares
de terres agricoles appartenant à des ressortissants algériens
détenteurs de titres fonciers, indique un communiqué du ministère des
affaires étrangères qui souligne que «de nombreux ressortissants
algériens ayant bénéficié du droit de jouissance sur des terres ne
dépassant pas les 10 hectares ont été amenés à renoncer à ce droit».
La communauté algérienne établie dans cette région du Maroc compte 7250
ressortissants immatriculés auprès du consulat, dont 70 % sont des
femmes âgées et sans ressources, a indiqué la même source qui a affirmé,
dans le même ordre d'idées, que parmi cette communauté, 5500 sont sans
emploi et ne comptent que sur le secteur de l'informel, les petits
métiers et les tâches à la commission pour subvenir à leurs besoins.
Benatallah a rencontré des ressortissants algériens établis à Rabat,
Oujda et à Casablanca. «Cette première visite du genre étant, par
ailleurs, en elle-même un signal fort en direction des autorités du pays
d'accueil», relève le communiqué du ministère algérien des Affaires
étrangères. A cette occasion, Benatallah a manifesté «un grand intérêt
qu'accordent les plus grandes autorités du pays à la communauté
algérienne au Maroc et plus généralement au Maghreb».
Cette visite, effectuée en plein mois de Ramadhan, «se veut également
un geste de solidarité envers notre communauté vivant au Maroc dont les
conditions économiques et sociales sont particulièrement difficiles», a
soutenu M. Benatallah. Et ce dernier d'indiquer que «la défense des
droits économiques et sociaux de notre communauté revêt la plus haute
importance pour le gouvernement algérien».
Le secrétaire d'Etat s'est également dit «disposé pour une concertation
et un échange sur les expériences respectives des pays maghrébins en
matière de gestion des problèmes liés à la communauté expatriée». Aussi,
M. Benatallah a plaidé pour «une concertation maghrébine en prévision
de la tenue, en décembre prochain au Caire, d'une rencontre sur les
communautés maghrébines dans le monde». En prévision de ce rendez-vous
maghrébin, le secrétaire d'Etat s'est dit partisan d'un «Maghreb des
communautés», idée qui a été favorablement accueillie par son homologue
du royaume chérifien.
M. Benatallah a mis à profit cette visite au Maroc pour rencontrer les
Algériens établis à Rabat et à Casablanca. Dans son allocution, le
secrétaire d'Etat a exprimé «le vif intérêt qu'accordent le président
Bouteflika et le gouvernement à la communauté algérienne établie à
l'étranger, particulièrement celle résidant dans les pays du Maghreb».
Il a, du coup, affirmé que les autorités algériennes «seront à l'écoute
de la communauté algérienne au Maroc, quelque peu oubliée».
De leur côté, les Algériens ayant rencontré M. Benatallah ont fait part à
ce dernier de leurs préoccupations ainsi que des difficultés auxquelles
ils sont confrontés au Maroc. Les Algériens résidents au Maroc ont
notamment souhaité que l'Etat subventionne les frais du transport aérien
pour leur permettre de garder attache avec leur patrie. Des étudiants
algériens au Maroc vivant dans des conditions financières difficiles ont
sollicité l'octroi de bourses d'études.
Face à ces doléances, le secrétaire d'Etat s'est dit «en prendre acte»
et a réitéré «la disponibilité des autorités algériennes d'accorder
l'attention nécessaire à ces difficultés» et a invité notre communauté à
«s'organiser dans un cadre lui permettant de mieux défendre ses droits
et intérêts». M. Benatallah s'est, enfin, félicité de l'initiative prise
par certains de nos ressortissants pour la création d'un club devant
regrouper et représenter la communauté algérienne établie au Maroc.
Quotidien d'Oran