Le 11 janvier 1992 : coup d’Etat ou coup d’éclat ?
Par m.a boumendil , tsa
Décidément les échanges peu amènes entre l'ancien président Chadli
et son ministre de la défense Nezzar, par presse interposée, continuent
de mobiliser une partie des medias et constituent encore un sujet de
prédilection dans les échoppes, les cafés maures, chez les coiffeurs et
dans ce qui reste de bars sur la place d'Alger.
Le sujet de controverse chez nos analystes du dimanche est, cette
fois, la date du 11 janvier 1992. Alors que l'opinion générale a
toujours été convaincue du caractère forcé de la démission de Chadli,
ce dernier a contredit cette thèse et, une fois n'est pas coutume, son
contradicteur a confirmé. D'un point de vue formel, les tenants de la
thèse du coup d'Etat voient ainsi leur théorie battue en brèche. Est-ce
pour autant important ? Pas autant que cela car ce qui a changé le
cours de l'Histoire n'est pas tant la démission de Chadli mais l'arrêt
du processus électoral.
A ce sujet, si l'on excepte le FIS, vainqueur des élections
législatives à l'issue du premier tour, deux camps se sont
régulièrement affrontés : les pour et les contre. Chez les contre, à
l'image du FFS, sans doute sincèrement mais quelque peu naïvement, on a
pensé que seul le FIS pouvait abattre le régime installé depuis
l'indépendance et qu'il serait toujours temps de ramener les islamistes
à la raison pour accepter le jeu démocratique qu'ils ont pourtant
clairement qualifié de kofr. Chez les pour, à l'image du RCD dont le
leader a comparé l'intégrisme à la mort dont on ne fait l'expérience
qu'une seule fois, il n'y avait pas à hésiter : il fallait faire
barrage à tout prix aux islamistes et les empêcher de prendre les rênes
du pays.
Là aussi, à bien y regarder, ce n'est pas tant l'arrêt du
processus électoral _qui pouvait se justifier aisément_ qui pose
réellement problème. Le problème, c'est ce qui en a été fait. Plutôt
que de se consacrer à corriger les erreurs stratégiques commises depuis
l'indépendance en orientant le pays vers la modernité, les dirigeants
ont déployé le plus beau de leurs efforts pour maintenir le système en
l'état. Dès lors, les objectifs avérés du pouvoir et de la société
civile qui l'a soutenu contre l'intégrisme ont gravement divergé : pour
les premiers il fallait sauver le système alors que les seconds
espéraient le sauvetage de l'Algérie. Le résultat, on le connaît.
Aussi, si l'intégrisme est comme la mort dont on ne fait l'expérience
qu'une seule fois, le système qui régente l'Algérie est comme la
maladie : plus il dure, plus il vous ruine...la santé !