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 Sauvons le parc national d'el-kala

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Dulce
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MessageSujet: Sauvons le parc national d'el-kala   Sauvons le parc national d'el-kala Icon_minitimeMar 27 Jan - 18:41

Les travaux pour la réalisation du tronçon d’autoroute d’une vingtaine de Km (17,5 km) qui traversent le parc national d’El Kala ont été lancés et sont bien avancés. Pour l’instant il s’agit des travaux de défrichement et de terrassement de l’assiette de l’autoroute qui a une emprise de 120 m de large.
Le parc national d’El Kala (PNEK) est un territoire classé de près 80 000 hectares (800 km²). C’est une institution de l’Etat algérien créée par le décret n° 83-458. Elle a pour but de protéger le patrimoine naturel qu’il renferme. Ce dernier est considéré comme exceptionnel et d’importance internationale pour les raisons suivantes :
Contrairement aux parcs nationaux des autres régions de la planète comme c’est le cas aux USA, au canada, en Europe ou sous les tropiques qui concernent plutôt de grande unités écologiques homogènes, c’est une mosaïque de milieux divers et variés sur un territoire relativement peu étendu. Autrement dit, on traverse plusieurs écosystèmes originaux en parcourant seulement quelques kilomètres. On en a identifié une vingtaine pour l’instant. Les recherches se poursuivent tant bien que mal….
Le parc national d’El Kala, avec le nombre d’espèces végétales (1264 espèces soit 32% de la flore nationale) et animales (878 espèces) qu’il abrite, classées rares, très rares ou rarissimes selon les standards mondiaux (CITES et UICN) et les listes algériennes (loi et décrets), est un réservoir de la biodiversité de la région méditerranéenne elle-même considérée comme un cas à part à la surface de la planète pour être de faible étendue mais l’origine des principales espèces cultivées aujourd’hui pour l’alimentation et la santé de l’humanité.
A l’échelle régionale, il se distingue par la juxtaposition sur quelques Km de milieux naturels qui appartiennent à des régions géographiques aujourd’hui très éloignées les unes des autres : la région semi aride de l’Afrique du nord et la région de l’humide du nord de l’Europe (aulnaies et tourbières). Ainsi on rencontre des paysages qui contrastent avec le reste du Maghreb.
A l’échelle régionale encore, et avec ses nombreuses zones humides (lacs, étangs, marécages, sols détrempés, aulnaies…) il offre des sites d’hivernage mais aussi de nidification aux oiseaux migrateurs. C’est une étape vitale dans la grande voie de migration ente l’Europe occidentale et l’Afrique. Avec le lac Tonga, Le parc national d’El Kala renferme la principale zone de nidification d’Afrique du nord pour les oiseaux d’eau dont certains sont en voie de disparition.

La grande diversité biologique d’El Kala, qui se traduit pour le visiteur par ses paysages variés et divers, a été observée depuis fort longtemps. Des écrits arobo-musulmans mais aussi européens l’ont rapporté depuis le XIV siècle. L’aire protégée du parc national d’El Kala ne sera crée elle qu’en 1983 dans le sillage de la prise de conscience universelle de la protection de la nature qui a marqué les années 60 et 70. Les aires et les espaces protégés se sont alors imposés comme l’instrument privilégié d’aménagement du territoire en matière de conservation in situ de la nature. En Algérie les parcs nationaux sont nés avec la première loi sur l’environnement (83-03 du 5 février 1983) dans la déferlante de textes législatifs pour la protection de l’environnement du début des années 80.
Sa mission est clairement définie dans le statut des parcs nationaux (décret n°83-458 du 23 juillet 1983) entre autres :

La conservation de la faune, de la flore………tout milieu naturel représentant un intérêt
La préservation de ce milieu contre les interventions susceptibles de modifier son aspect, sa composition et son évolution
Le développement d’activités en rapport avec la nature
L’implantation d’une infrastructure touristique dans la zone périphérique

Pour ce faire, des études ont été menées pendant plus de deux ans pour élaborer un document, le schéma directeur d’aménagement aujourd’hui on dirait plan de gestion, qui est en quelque sorte le mode d’emploi que doit suivre le gestionnaire du parc. Ce document a été approuvé par les autorités centrales et ensuite par l’APW d’El Tarf en avril 1986.
Selon la nature du terrain et la distribution des milieux qui sont évalués selon les classifications des différentes espèces qu’on y sont implantées, on affecte une classe de protection à des zones du parc ainsi identifiées. Les statuts des parcs (décret 83-458) en prévoir 5 :

La classe I : dite de Réserve Intégrale où toute intervention est interdite
La classe II : dite Primitive ou Sauvage où est interdite toute construction de route, d’ouvrages qui modifient l’ambiance naturelle
La classe III : dite de Faible Croissance où des transformations peuvent être réglementées
La classe IV : dite Tampon qui sépare les trois premières de la dernière
La classe V : dit Périphérique où sont autorisées toutes formes de construction avec la précision suivante : c’est la seule qui peut être traversée par des routes importante (article 4)

Ce travail abouti à un l’outil de gestion fondamental de l’aire protégée : son zonage

En réalité, le zonage du PNEK ci-dessus est plus développé. Les zones sont en effet divisées en sous zones et chacune d’entre elles disposent d’une fiche qui série les interventions selon qu’elles soient encouragées, autorisées, tolérées ou proscrites. C’est le seul instrument juridique que possède le PNEK pour remplir sa mission.

Lorsqu’on cite le PNEK, on évoque aussi la convention de Ramsar ou les Réserves de la Biosphère (programma MAB de l’UNESCO). Ce ne sont pas des instruments juridiques qui ont force de loi. Ce sont des classements brandis comme des labels qui participent à la conservation de la nature mais seulement par le biais d’orientation, d’assistance et de recommandations aux pays adhérents. Exemple : la convention de Ramsar. C’est un traité intergouvernemental relatif aux zones humides. Lorsqu’une zone humide remplit un certain nombre de critères, elle peut figurer sur la liste de cette convention mais en contrepartie l’Etat qui l’inscrit s’engage à y mener des politiques, et même légiférer, en faveur de la conservation de ces milieux. Or c’est loin d’être le cas chez nous.
Le PNEK ne dispose donc que de son statut comme et de son zonage comme instruments juridique et technique pour assurer la conservation de son inestimable patrimoine.
Depuis un quart de siècle, les nombreuses zones de PNEK ont subi des fortunes diverses. Agressions, disparition, altérations, modification etc…mais si toutes celles-ci ont pris des proportions limitées qui laissent l’espoir à une restauration ultérieure, l’autoroute est un véritable désastre.
En, en effet, ce ne sont pas les effets physiques de l’autoroute qui sont le plus à craindre. En traversant le parc, cette voie de circulation importante porte un coup fatal aux statuts du parc qu’elle piétine alors que, nous l’avons vu, ils sont la seule arme de protection que le parc peut faire valoir par la force de la loi. Le précédent étant énorme et grave, on ne pourra plus s’en référer pour protéger ce qui doit l’être. C’est ici que réside le vrai problème du parc et qui a motivé la protestation de ses défenseurs.

Une aire protégée, selon les concepts de la conservation de la nature qui incluent le développement durable, laborieusement élaborés au fil des ans par la communauté internationale, est un type d’aménagement du territoire et de l’espace qui doit par définition s’étendre au fil de la démonstration et de la prise de conscience. La fragmentation d’une aire protégée est le pire de ce qui peut lui arriver. C’est sa négation. L’autoroute va couper le parc en deux fragments.
On ne pourra pas non plus prétende faire de la conservation de la nature selon les standarts internationaux et participer à cet effort mondial en suivent les règles les plus éventaires. Nous aurons des parcs nationaux spécifiques, encore, qui n’en porteront que le nom. On rétorque ici que des pays « avancés » ont des autoroutes qui traversent des parcs nationaux. C’est vrai, mais c’est à la lumière de leurs expériences qui datent de 20 ans et plus que partout maintenant on s’y oppose fermement. Il y a 25 ans cela n’aurait certainement pas posé de problème mais c’était avec un autre savoir.
Quand à cette arlésienne d’étude d’impact qui reste incertaine et douteuse tant qu’elle n’ pas subit le filtre de la critique et que l’on brandit comme la caution morale, juridique et scientifique pour faire passer l’autoroute, elle ne se justifie en aucune manière pour le tronçon dans le parc puisque la loi a déjà tranché : pas d’autoroute dans le parc.
Voilà pourquoi l’autoroute ne doit passer par le parc. Son patrimoine est inestimable pour nous avec tout ce que cela suppose en développement d’activités en rapport avec la nature, dont le tourisme et l’agriculture « verts », mais aussi pour toute l’humanité au titre de réservoir de biodiversité. En le traversant l’autoroute va anéantir la seule et unique Loi qui protège son territoire, sont statut. Après cela, on ne pourra plus rien opposer aux pressions qui se font de plus en plus fortes et menaçantes.


Par : Rafik Baba-Ahmed (Ancien directeur du PNEK)

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signez la petition: http://www.sauvonsleparc.org/petition_elkala.php
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