Pour apologie du crime Un ex-caporal-chef derrière les barreaux
Escorté par deux agents de police, O. M. Dahmane, âgé de 42 ans, s’approche de la barre des accusés après avoir balayé du regard la salle d’audience.
Il souffle vraisemblablement en signe de désapprobation contre ce qui lui arrive. L’inculpé affiche un rictus de dédain sur son visage au teint mat en déclinant son identité. Ses petits yeux noirs mobiles et son attitude résolue trahissent une certaine expérience de la vie, dont jouissent uniquement ceux qui ont connu la galère. Il ne donne nullement l’impression d’être désarçonné lorsque le président énumère ses antécédents judiciaires. Selon l’arrêt de renvoi, le 28 juin de l’année écoulée, O. M. Dahmane a rédigé avec de la peinture noire « Vive le terrorisme » et « Vive el djihad » sur les murs du stade communal de football et sur ceux de l’école primaire Mouloud Feraoun de la ville d’El Bayadh, son lieu de résidence. Il a été identifié et appréhendé par les forces de sécurité grâce aux renseignements fournis par des témoins oculaires. Auditionné par le magistrat instructeur du tribunal d’El Bayadh, l’accusé a reconnu les faits en argumentant la colère. Il a, en revanche, réfuté en bloc toute intention de faire l’apologie du terrorisme.
Le 18 avril dernier, date de son procès devant le tribunal criminel d’Oran, il clame à la barre d’une voix rauque, tout en tambourinant sa poitrine de son gros poing :
« J’ai moi-même combattu les terroristes dans les monts de Jijel entre 1996 et 2001. A l’époque, j’étais caporal-chef dans le 4e bataillon des fusillés marins ».
Son regard s’est assombri davantage et ses yeux lançaient des éclairs. Des gouttes de sueur perlaient sur son front bas et roulaient sur ses sourcils broussailleux. Le président ne perdit pas de sa contenance. Il l’invite à se calmer avant de lui demander :
« Expliquez-nous alors pourquoi ses graffitis ? » « J’étais sous l’emprise de la colère, monsieur le juge. La raison est directement liée au sempiternel problème de la bureaucratie qui entravait ma requête pour la création d’un kiosque multiservices. Je suis sur la brèche depuis que j’ai quitté la marine en 2001 », plaide l’accusé.
Le représentant du ministère public a mis en exergue le fait que
« l’intention de l’accusé était claire en ciblant notamment les murs d’un stade de football et ceux d’un établissement scolaire. Il savait pertinemment ce qu’il faisait ». L’avocat général a conclu son réquisitoire en requérant une peine de 5 ans de réclusion criminelle. La défense a plaidé le bénéfice de larges circonstances atténuantes en mettant en évidence la déplorable situation sociale de son mandant. Au terme des délibérations, le tribunal criminel a condamné O. M. Dahmane à une peine d’une année d’emprisonnement.
Par [url=mailto://]Rachid Boutlélis[/url]