Clotilde Reiss, une amoureuse de l'Iran emprisonnée à Téhéran Comment une simple étudiante française se retrouve dans une geôle iranienne pour quelques photos et un email... Une jeune étudiante française
emprisonnée à l'étranger pour espionnage. Ce qui ressemble à un mauvais film est l'histoire de Clotilde Reiss, 23 ans, arrêtée le 1er juillet à Téhéran. Les autorités iraniennes lui reprochent d'avoir participé à des manifestations à
Ispahan, ville en proie à des heurts violents après l’élection controversée de Mahmoud Ahmadinejad. Elles estiment que les photos que la jeune femme y a prises, et l'email qu'elle a envoyé à un de ses amis de Téhéran à ce sujet, font d'elle une espionne.
Aucune hostilité au régime iranienAu moment de son arrestation, Clotilde Reiss allait embarquer pour
Beyrouth, où elle devait rejoindre des amis. Inquiète de ne pas la voir arriver, la famille libanaise qui devait l'accueillir a alerté les autorités françaises. Depuis, l'étudiante est détenue à la prison d'Evine, située au nord de la capitale iranienne et réputée pour recevoir les prisonniers politiques. Elle y serait interrogée sur ses activités.
Pourtant, Clotilde Reiss n'a rien d'une dangereuse révolutionnaire. «Ce n'est pas du tout un tempérament politique revendicatif», assure son père, qui ne lui connaît pas «un tempérament politique revendicatif». Pour Rémi Reiss, le seule motivation de sa fille, «c'est l'art, c'est la culture, c'est la connaissance de l'Iran».
Le directeur d'études de l'Institut d'études politiques (IEP) de Lille, où elle a décroché en 2008 un master de politique comparée, décrit de son côté «une étudiante déterminée et passionnée» et une «excellente élève», qui a eu «toutes ses années avec mention». Ses amis, eux, parlent d'une amoureuse de l’Iran, qui n’a jamais manifesté aucune hostilité au régime.
Le soutien s'organise sur FacebookCe n'est d'ailleurs pas la première fois que Clotilde Reiss
fait le voyage jusqu'en Iran. Elle s'est déjà rendue sur place en 2008 dans le cadre de son mémoire sur le système éducatif iranien, avant d'y retourner en février dernier. Cette fois, comptant «rester là-bas», selon le directeur de l'IEP de Lille Pierre Mathiot, elle avait accepté un poste de lectrice de français à l'université d'
Ispahan.
Sur Facebook,
le soutien à Clotilde s’organise. Mais ceux qui y prennent part craignent la médiatisation de l’affaire, qu’ils jugent contre-productive. Ses amis refusent d'ailleurs de s'exprimer, et préfèrent laisser la diplomatie jouer son rôle. Une source proche du dossier annonce que les autorités françaises ont entamé une concertation avec la présidence suédoise de l’UE pour obtenir sa libération. La voie diplomatique utilisée pour les
employés de l’ambassade britannique à Téhéran est évoquée. La même source s’attend à ce que
la solidarité dont l’union européenne a fait preuve à cette occasion se manifeste à nouveau pour la jeune Française.