La question soulevée par cette découverte est évidemment celle de son prolongement à l'être humain.
Ce n'est pas encore la fontaine de jouvence, mais on s'en approche : un médicament ralentirait les effets du temps chez des souris déjà âgées, selon le journal Nature du 8 juillet. Des chercheurs américains ont démontré que la rapamycine, médicament généralement utilisé pour prévenir les rejets en cas de greffe chez l'être humain, allongeait la durée de vie de souris jusqu'à 14 %.
Chez les mouches et les vers, il avait déjà été démontré que des traitements médicamenteux augmentaient l'espérance de vie, mais jusqu'à présent, le seul moyen d'allonger la vie de mammifères était la restriction calorique.
Des équipes de trois laboratoires américains – l'Université du Texas à San Antonio, l'Université du Michigan à Ann Arbor et le Jackson Laboratory dans le Maine – ont mené des expériences en parallèle sur environ 2 000 souris, les nourrissant avec des aliments qui contenaient de la rapamycine. La mise au point de ces aliments a pris du temps, retardant le début du traitement, les souris étant plus vieilles que prévu au départ par les chercheurs – vingt mois, l'équivalent d'environ soixante ans chez l'être humain.
EFFICACITÉ
Un incident qui a mis en lumière l'efficacité de la rapamycine sur une population d'un certain âge. Par rapport aux souris sans traitement, l'espérance de vie des souris sous rapamycine a augmenté jusqu'à 14 %. Concernant les sujets de vingt mois, l'espérance de vie a grimpé en flèche, de 28 % chez les mâles et de 38 % chez les femelles.
L'une des hyptothèses avancées est que la rapamycine mimétiserait les effets d'un régime hypocalorique. Cependant, remarque le directeur de recherche du Jackson Laboratory, David Harrisson, aucune des souris n'a perdu de poids durant l'expérience et, généralement, un régime hypocalorique fonctionne mieux sur des sujets jeunes.
La question soulevée par cette découverte est évidemment celle de son prolongement à l'être humain. Les chercheurs préviennent qu'à ce stade, il serait dangereux de procéder à une quelconque expérimentation. L'utilisation de la rapamycine pour augmenter l'espérance de vie poserait des problèmes en raison de ses propriétés immunodépressives, rendant potentiellement plus sensible aux infections. Le dosage est aussi un problème, puisqu'une dose normale de rapamycine chez l'homme se situe entre 2 et 5 milligrammes par jour, bien en dessous de celle administrée aux souris.
Le Monde.fr