Moyen-Orient
Nucléaire iranien : Téhéran coopère... à moitiéLe président Mahmoud Ahmadinejad a estimé jeudi que les
relations entre Iran et Occident étaient passées de la "confrontation à
la coopération" sur le nucléaire et s'est dit prêt à un échange de
combustible, alors que l'Iran s'apprête à donner à l'AIEA sa réponse
très nuancée à un "projet d'accord"."Avant ils
demandaient l'arrêt (du programme nucléaire iranien), aujourd'hui ils
ont accepté l'échange du combustible, la participation pour la
construction de réacteurs et de centrales nucléaires. Ils sont passés
de la politique de confrontation à la coopération", a déclaré Mahmoud
Ahmadinejad, lors d'un discours retransmis par la télévision d'Etat.
Le discours
"conciliant"du président intervient alors que le représentant de l'Iran auprès de
l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Ali Asghar
Soltanieh, doit remettre jeudi à Mohamed ElBaradei, la réponse
officielle de l'Iran au projet d'accord annoncé le 21 octobre à Vienne
après deux jours et demi de négociations avec la Russie, les Etats-Unis
et la France. "Nous saisirons
toute main tendue avec
honnêteté, mais si elle s'accompagne de complot et de mensonge, nous
donnerons la même réponse que nous avons donnée à (l'ancien président
américain George W.) Bush et ses complices", a-t-il déclaré.
Le programme nucléaire civil à tout prixIl a aussi souligné la détermination de l'Iran à poursuivre son
programme nucléaire civil ajoutant qu'il s'agissait de son "droit absolu" et que son pays ne "bougerait pas d'un iota" à ce sujet.
Selon des diplomates occidentaux, le "projet d'accord" prévoit que
l'Iran livre, d'ici fin 2009, 1.200 de ses 1.500 kg d'uranium qu'il a
faiblement enrichis, à moins de 5% -malgré l'opposition du Conseil de
sécurité de l'ONU- pour le faire enrichir à 19,75% en Russie, avant que
la France n'en fasse des "cœurs nucléaires" pour le réacteur de
recherche de Téhéran, qui opère sous surveillance de l'AIEA.
Mais différents responsables iraniens ont rejeté l'idée d'envoyer une telle quantité d'uranium faiblement enrichi à l'étranger.
Accord en demi-teinteSous couvert de coopération,
l'Iran va en fait proposer à l'AIEA deux possibilités pour la livraison
d'uranium enrichi, dans d'importants amendements au projet d'accord, a
rapporté jeudi le quotidien conservateur
Javan.
Le premier amendement prévoit de "livrer l'uranium enrichi à 3,5%
progressivement" à l'étranger pour obtenir en contrepartie le
combustible à 20% nécessaire pour le réacteur de recherche de Téhéran,
selon
Javan. Le second amendement propose d'échanger "en même
temps" une quantité donnée d'uranium faiblement enrichi et le
combustible nécessaire pour le réacteur de Téhéran. Dans cette dernière
hypothèse, la quantité d'uranium enrichi à 3,5% qui sera livrée sera
"fondée sur les calculs techniques de l'AIEA" pour produire le volume
de combustible nécessaire, selon le journal.
Différents responsables et journaux iraniens se sont opposés à
d'aussi important transferts et ont affirmé ces derniers jours que le
réacteur de Téhéran avait seulement besoin d'une trentaine de kilos de
combustible pour fonctionner durant les quinze prochaines années. Or,
selon ces mêmes sources, pour produire ce volume de combustible il faut
seulement quelques centaines de kilos d'
uranium faiblement enrichi.
JEUNE AFRIQUE