Facebook interdit le «suicide virtuel»
Samuel Laurent (lefigaro.fr)
Le
réseau social a bloqué deux sites permettant d'effacer définitivement
son profil, invoquant le «droit à la vie privée» de ses usagers. Facebook,
MySpace, Twitter, Meebo, Ning... Le «web social», celui des réseaux et
des plateformes d'échange, concerne un nombre croissant d'internautes.
Qui, aujourd'hui, n'a pas un profil sur l'un de ces sites ? Un profil
qui peut, si l'on n'y prend garde, être facteur d'ennuis divers et
variés. Photos embarrasssantes qui finissent par être vues par son
patron ou sa petite amie, disputes par statuts interposés, nécessité de
mettre à jour son profil ou de se mettre en quête de nouveaux amis...
Les réseaux sociaux consomment du temps et de l'énergie.
La mode du «suicide virtuel» En 2007 et 2008, une tendance était apparue : le «
Facebook suicide»,
qui consistait à quitter le réseau et y effacer son profil et ses
données. Une démarche parfois complexe, Facebook ayant une fâcheuse
tendance à conserver certaines traces de votre passage. Rien
d'étonnant, alors, à ce que des applications dédiées à ce «suicide
virtuel» proposent de faire ce travail à votre place. Deux ont
récemment fait parler d'elles.
Seppukoo,
tout d'abord, qui tire son nom d'une déformation de «seppuku», le
suicide honorifique pratiqué par les samouraïs du Japon ancien. Conçu
par un groupe d'artistes italiens,
Les Liens Invisibles,
le site propose de supprimer son profil Facebook en choisissant les
derniers mots qui apparaîtront sur une page «mémorial». Il attribue à
chaque auteur d'un «suicide virtuel un score», qui grimpe en fonction
du nombre d'amis qui ont procédé eux aussi au rituel.Selon l'un de ses
créateurs,
interviewé par Le Post, Seppukku aurait servi à plus de 20.000 personnes en novembre dernier. Plus
complet, «»Web 2.0. suicide machine» vous permet de «tuer» vos profils
sur Facebook, Twitter, LinkedIn et MySpace simultanément. Là encore,
l'esprit est à l'amusement. «Voulez-vous rencontrer à nouveau vos
voisins ? Retrouver votre vraie vie ? Améliorer vos relations, vous
débarrasser des voyeurs ?» Tels sont quelques-uns des slogans du site.
Facebook en appelle au respect de la vie privée Mais
Facebook n'a pas apprécié cet humour à ses dépens. Fort de 350 millions
de profils, le géant des réseaux sociaux ne veut pas en perdre, même
pour la cause de l'art. Depuis le 16 décembre, il a tout simplement
bloqué Seppukoo, empêchant les inscrits sur son réseau de s'en servir,
et interdisant même l'emploi du mot «seppukoo». Un bannissement
justifié par un non respect des chartes d'usage du site, et assorti de
menaces de poursuite à l'encontre des Liens Invisibles. Ces derniers ont
produit la qu'ils ont lettre qu'ils ont reçu des avocats de Facebook,
et s'amusent de constater qu'elle fait essentiellement référence à la
nécessité de protéger la vie privée des membres du réseau social. Ils
ont poussé la provocation jusqu'à fournir une vidéo expliquant comment
commettre son propre suppukoo maintenant que leur service est désactivé. Quant
à «Web 2.0 suicide machine», il vient de subir le même sort. Mardi, le
site n'est même plus accessible. Facebook en a profité pour rappeler
formellement qu'il «fournissait la possibilité aux gens qui ne
voulaient plus utiliser le site de désactiver leur profil ou de le
supprimer». Mais en passant par lui, uniquement.
Le Figaro