Le calme revient à Rosarno qui se vide de ses immigrés
Lefigaro.fr avec AFP
Le dernier bilan des violences depuis jeudi est de 67 blessés
Crédits photo : AP
Environ
700 étrangers ont quitté samedi la ville italienne, où une «chasse à
l'homme» contre les immigrés a fait 67 blessés cette semaine. L'immigré
est un être humain à respecter», a lancé dimanche le pape. Environ
700 étrangers ont déjà quitté samedi la ville de Rosarno après des
violences, notamment une «chasse à l'homme» contre des immigrés, qui
ont fait 67 blessés dans cette localité de Calabre (sud de l'Italie),
tandis que 200 autres se préparent au départ.C'est ce qu'a expliqué le
préfet de police Mario Morcone, tout en précisant que «la situation
revient lentement à la normale». Signes du retour au calme, les
barricades érigées par la population ont été levées, l'occupation de la
mairie par des habitants a pris fin et les magasins ont ouvert dans la
matinée.
Rosarno a été le théâtre jeudi de violentes manifestations d'immigrés protestant contre des agressions dont
certains d'entre eux avaient été la cible : elles avaient été marquées
par des heurts avec la police, et suivies, le lendemain, d'exactions de
la population à leur encontre. Pour faire face à ces tensions,
le chef de la police italienne Antonio Manganelli avait annoncé dès
vendredi soir l'envoi d'un «important contingent de policiers» en
renfort, plus de 200 selon la presse.
Manifestation à Rome Le
dernier bilan des violences à Rosarno et dans ses environs depuis jeudi
est de 67 blessés, à savoir 31 étrangers, 19 policiers et 17 habitants
italiens de cette petite ville de 15.000 âmes. La majorité n'ont subi
que des contusions ou des blessures légères. Mais six immigrés sont
encore hospitalisés, parmi lesquels deux grièvement blessés vendredi
soir à coups de barres de fer. Samedi après-midi une
manifestation de soutien aux immigrés s'est déroulée à Rome, non loin
du siège du ministère de l'Intérieur. Elle a donné lieu à des
échauffourées entre policiers, dont un a été légèrement blessé par un
jet de pierres. Au cours de cette manifestation, les immigrés présents
ont demandé la démission du ministre de l'Intérieur Roberto Maroni.
La mafia montrée du doigt Selon
la presse, au moins 4.000 immigrés sont employés - en général
illégalement - chaque année à Rosarno pendant deux mois pour cueillir
clémentines et mandarines. Le Haut commissariat de l'ONU pour
les réfugiés et le principal syndicat italien, la Cgil, ont dénoncé
leurs «conditions de vie inhumaines : cabanes insalubres, sans eau,
sans hygiène» et des «salaires de misère» (25 euros par jour). Le
rôle de la mafia a également été montré du doigt. «La mafia qui
contrôle le territoire, exploite les immigrés avec cynisme et une
détermination impitoyable. Les cerveaux criminels savent que les
immigrés clandestins ne peuvent même pas tenter de se rebeller car ils
sont privés de documents d'identité et donc de la protection de
l'Etat», a déclaré à
La Stampa don Luigi Ciotti, un prêtre ayant fondé l'association antimafia Libera. Le
pape Benoît XVI a assuré dimanche au cours de la prière dominicale de
l'Angélus que «l'immigré est un être humain à respecter».
le figaro