la sexy MAMMA-DONNA
Le cinéma, la mode, la cuisine et… la mamma : pour leur
nouvelle campagne publicitaire, Domenico Dolce et Stefano Gabbana nous
offrent – avec la complicité du photographe Steven Klein – un bouillon
de culture italienne et une Madonna surprenante. Visite exclusive sur
le tournage qui fait revivre l’âge d’or du néoréalisme. RETOUR AUX SOURCESUne cuisine en clair-obscur encombrée des préparatifs d’un repas, une
chambre monacale occupée par deux lits modestes, avec pour seul
ornement une image pieuse qui semble veiller sur eux : c’est l’Italie
la plus traditionnelle qui sert ici de décor. Connus pour leur sens du
glamour exubérant, Dolce et Gabbana ont préféré, cette fois, se pencher
sur leurs racines. « Nous sommes très attachés à l’Italie, aux origines
siciliennes de notre marque, expliquent-ils. Dans des périodes comme
celle que nous vivons aujourd’hui, il est naturel de donner plus
d’attention à ce qui caractérise notre identité. Même à travers les
expériences et l’évolution de ces dernières années, nous n’avons jamais
perdu de vue ou oublié d’où nous venions. Cette campagne est bien
évidemment une réinterprétation de nos origines. » (
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L’HÉRITAGE DE MAGNANICe décor sert d’écrin au personnage central de la campagne, une héroïne
que les deux designers ont empruntée au monde du cinéma, comme en
témoignent les nombreuses planches de photos qui encombrent le studio.
« La campagne tire son inspiration de la beauté, de la force et de
l’humanité qui habitent les personnages féminins du grand cinéma
néoréaliste italien », confirme Domenico Dolce. Dans les clichés en
noir et blanc, travaillés pour ressembler à des arrêts sur image tirés
d’un film, la star est – a priori un choix surprenant malgré ses
origines italiennes – Madonna. « Pour nous, elle pouvait parfaitement
incarner les vertus qui caractérisent les personnages féminins du
cinéma néoréaliste italien, assurent les créateurs. Elle était très
bien préparée et connaissait les films et réalisateurs de cette époque.
Elle avait notamment vu
Bellissima,de Luchino Visconti. » Dans ce film de 1951, Anna Magnani interprète
une mère modeste mais fière qui tente de forger une carrière au cinéma
pour sa fille, mais préfère renoncer en découvrant les côtés sombres
derrière les paillettes de ce milieu. Finalement, la Madonna, mère de
Lourdes, n’est pas loin… (
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DÉESSE DOMESTIQUEMadonna qui épluche des légumes, Madonna qui fait la vaisselle, Madonna
qui mange des pâtes avec les doigts… Même vêtue des créations griffées,
sombres mais glamour, de D&G, c’est du jamais-vu. « Nous aimions
l’idée de proposer une image de Madonna complètement différente de
celle à laquelle le grand public est habitué, s’amuse Stefano Gabbana.
Madonna est un personnage très connu qui fait rêver le monde entier.
Avec sa personnalité, sa force et son charisme, nous avons pensé
qu’elle était parfaite pour cette campagne à travers laquelle nous
voulions également dépeindre le côté le plus humain des femmes, leur
féminité, leur sexualité, présentes même dans des situations
quotidiennes. C’est vraiment la femme idéale pour exprimer cette idée
de féminité, de force et de passion pour la vie. Elle est une vraie
femme sensuelle, un modèle de référence. » Le phénix de la pop comme
symbole de la complexité féminine ? Bien vu. (
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