Saâdane est-il l’homme de la situation ?
La
majorité des Algériens, les yeux rivés hier après-midi sur leur petit
écran, ont dû rester atrocement médusés devant une sélection algérienne
méconnaissable face à un adversaire qui ne figure pourtant pas dans le
gotha africain. Le Malawi, consacré « petit Poucet » de cette CAN 2010,
a fait subir un véritable et inattendu naufrage collectif à nos
mondialistes, précédés pourtant d’une réputation bien établie. Les
Verts n’ont à aucun moment du match étalé la combativité qui les a
caractérisés lors des tours préliminaires. Pire, ils ne sont même pas
parvenus à élever leur niveau physique, technique et mental pour tenter
de revenir à la hauteur de leurs adversaires.
Les spécialistes avertis, qui ont suivi l’évolution des choses depuis
la qualification de Khartoum, vous diront que le scénario d’hier –
l’Algérie est pratiquement éliminée du tournoi – était quelque peu
prévisible. Nous-mêmes, en toute humilité, n’avons pas manqué de le
dire à travers ces mêmes colonnes, soulevant au passage le courroux du
staff dirigeant de notre équipe nationale. En fait, les signes
avant-coureurs de cette déconfiture luandaise étaient là, sous nos yeux
encore embués de l’émotion du 18 novembre suscitée par une
qualification en Coupe du monde. Il fallait vite digérer ce merveilleux
exploit afin de passer sans transition à l’étape suivante, c’est-à-dire
à un investissement psychologique total dans la préparation de la Coupe
d’Afrique. Ce ne fut pas fait. Rabah Saâdane, pour une raison que nous
ignorons, a programmé un stage en deux phases à Toulon qui nous a plus
fait de mal que de bien. Au-delà de l’indigence de ce regroupement qui
n’a été ponctué par aucune rencontre amicale, histoire de raffermir la
cohésion du groupe, nos capés sont carrément passés instantanément du
climat sibérien sévissant à ce moment-là en Europe à la chaleur moite
de l’Afrique de l’Ouest. Il est évident qu’il fallait relativement
s’acclimater pour pouvoir affronter hier les 30-35 degrés et la pelouse
assez détériorée du stade de Luanda.
Au lieu de ça, on a préféré s’en tenir à Toulon à quelques séances
légères tout en ne manquant pas de parler des primes de match de la CAN
et des rétributions pour fait de participation au Mondial. Pire encore,
Saâdane, au lieu de galvaniser ses troupes, s’est laissé aller à un
« défaitisme philosophique » que nous n’avons jamais connu chez aucun
autre entraîneur à travers le monde. Taclant au passage l’absence de
fond de jeu des Verts, omettant de souligner que c’est en évoluant
souvent ensemble qu’on acquiert cette cohésion dans le jeu qui manque
tant à notre équipe et que seule une multitude de rencontres de
préparation peut en relever le niveau compétitif, le patron de l’EN a
aujourd’hui sur les bras une formation durement éprouvée au plan
psychologique par l’humiliation d’hier. La CAN a toujours été l’arène
des fiers guerriers d’Afrique, une compétition rude qui se dispute dans
des conditions climatiques relativement extrêmes et dans un
environnement parfois à la limite de l’hostilité où aucune faiblesse
n’est tolérée. Saâdane, en entraîneur expérimenté, le savait et il
serait juste de dire aujourd’hui, qu’à notre humble avis, la
responsabilité d’une telle déroute lui incombe principalement. Les
Algériens sont en droit de se poser légitimement la question de savoir
si celui-ci n’a pas été uniquement le catalyseur d’une étape, celle de
la double qualification. Et qu’au-delà du 18 novembre, il ne fallait
pas réfléchir au renforcement du staff technique par l’apport d’un
technicien rompu de niveau mondial. Ridiculisés ce janvier-ci en
Angola, qu’en sera-t-il en juin prochain en Afrique du Sud ? Nous
n’osons pas imaginer un seul instant que nous risquons d’être la risée
du monde du football en Afrique du Sud et que les milliards de
téléspectateurs se gausseront de nous comme ne manquent certainement
pas de le faire depuis hier nos ennemis intimes sur les rives du Nil…
Par Omar Kharoumel watan