Là, maintenant, j’en suis archi convaincu : le régime qui tente de nous
gouverner au pifomètre enrhumé, ce régime va mal. Très mal. Ce n’est pas tant
que les mécanos de la SNVI paralysent l’une des plus grosses zones industrielles
du pays. Ce n’est pas tant non plus que les métallos d’El-Hadjar viennent de
rejoindre la contesta des Algérois. Ce n’est pas tant non plus que médecins
généralistes et spécialistes sont en grève depuis plusieurs jours, voire
plusieurs semaines. Ce n’est pas tant non plus que la montée en colère des
syndicats de l’éducation redevient assourdissante après une période de brève
accalmie. Non ! Ce n’est pas cela. Le baromètre, l’indicateur du malaise profond
de nos non-dirigeants, c’est un oubli de leur part. Un oubli énorme. Un oubli
impardonnable et qui renseigne parfaitement sur leur état de déliquescence
actuel. Tout le pays est secoué par des conflits sociaux majeurs, la moindre
petite parcelle de route peut être sujette à tout moment du jour et de la nuit à
une émeute et à une occupation populaire, et pendant ce temps-là, dans le
sérail, dans le palais et ses annexes, personne n’a songé à la sortir. Sortir
quoi ? Comment ça «quoi» ? Là, du coup, c’est vous, et non plus seulement nos
dirigeants, qui me faites peur. Seriez-vous aussi malades, aussi atteints qu’eux
pour avoir si vite oublié quoi sortir en pareille situation ? M’enfin !
Auriez-vous négligé vos classiques ? Seriez-vous victimes de profonds et graves
troubles de la mémoire ? Allons ! Allons ! Ressaisissez-vous, que diable ! Que
doit-on sortir lors de crises comme celle que traverse le pays ? Répétez en
chœur après moi : LA MAIN DE L’ETRANGER ! Voilà ! Ça vous revient enfin ! Ben
oui ! Et du coup, vous comprenez mieux mon inquiétude face à nos «souloutates»
même plus capables de nous la sortir, cette main de l’étranger. Que leur
arrive-t-il ? Sont-ils, à ce point, souffrants qu’ils n’ont même plus la force
de dégainer leur arme favorite, la mimine des zétrangers ? Entre les 50 000
ouvriers de la zone industrielle de Rouiba, les 5 000 travailleurs d’El-Hadjar,
les milliers de médecins et de paramédicaux, et les dizaines de milliers
d’enseignants, il doit bien finir par nous trouver ça, le régime, une petite
main de l’étranger qui traînerait là, par hasard. Nous serions même prêts à en
accepter une toute riquiqui, rescapée d’un ancien stock. Je fume du thé et je
reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.