Le rêve algérien d'une finale s'évanouit LE MONDE | 29.01.10 | 13h53
REUTERS/AMR ABDALLAH DALSH
Rafik Halliche, mécontent après son expulsion face à l'Egypte.
Benguela (Angola) Envoyé spécial
Le vieux rêve d'une finale de la
Coupe d'Afriquedes nations (CAN) s'est évanoui, jeudi 28 janvier, pour l'Algérie,
vaincue (4-0) par l'Égypte en demi-finale de la compétition. Les
Pharaons retrouveront donc le Ghana, vainqueur (1-0) du Nigeria à
l'issue d'un match sans éclat.
"C'était un drôle de match", lance, sourire jaune, Rabah Saâdane, le sélectionneur de l'équipe d'Algérie.
"Drôle"? Quatre buts encaissés, trois cartons rouges... Dans le stade angolais
flambant neuf de Benguela, l'Egypte, elle, a retrouvé son
"honneur" face à son
"frère ennemi"qui l'avait éliminée de la Coupe de monde lors d'une rencontre sous
haute surveillance militaire au Soudan, en novembre 2009, à Khartoum.Elle
a su, cette fois-ci, asphyxier le jeu des Algériens - pourtant
technique -, croquer le cuir avec plus d'appétence et aussi... de
chance. Il a suffi que
Rafik Halliche manque sa relance à la 37
e minute
pour que le match chavire. En voulant rattraper sa bourde, il commet
une faute dans la surface et écope d'un penalty. L'arbitre béninois,
Koffi Codja,
juge sa protestation trop appuyée et lui flanque un sévère second
carton jaune. Rafik est expulsé. Les quelque 2 000 supporteurs
algériens - quatre fois plus nombreux que ceux de l'Egypte - commencent
à s'éteindre.
"C'était l'expulsion gratuite de notre meilleur joueur", explique Rabah Saâdane, affirmant même que cette éviction était
"planifiée" :
"Il faut voir la réalité : le match, c'est l'arbitre qui l'a fait basculer, c'est clair et net." Le défenseur
Anther Yahia résume le match à sa façon en déplorant que ce soir-là
, "l'arbitre portait le maillot égyptien ".Un haut responsable du foot algérien parle même d'
"un arbitre corrompu", pour lequel le sélectionneur des Fennecs parle de
"fin de carrière". D'une même voix, la presse algérienne crie quant à elle
"au match acheté"."ERREURS HUMAINES"L'arbitre
de la rencontre a été la "vedette" surprise du match. Fébrile tout au
long de la partie, inquiétant dans ses choix, Koffi Codja s'est laissé
déborder par les enjeux du match, sifflant à maintes reprises des
fautes contre l'Algérie, qui en réalité avaient été commises par
l'équipe adverse et... vice-versa.Au-delà des moments de chance provoqués par ces
"erreurs humaines",
l'Egypte a été, sans conteste ce soir-là, pharaonique. Les Egyptiens,
déjà vainqueurs des deux dernières éditions de la CAN, signent leur 18
e victoire sans défaite dans cette compétition. Le président
Hosni Moubarak a d'ailleurs salué la
"performance remarquable" de sa sélection nationale.Près du stade high-tech de Benguela - posé dans un désert de pierre -, un jeune Angolais lâche une phrase pleine de bon sens.
"Allah joue un drôle de jeu avec l'Algérie et l'Egypte, explique-t-il.
Il leur a donné l'occasion de se battre et maintenant de se réconcilier." Alors, était-ce le match de la réconciliation ? L'adjoint du sélectionneur des Pharaons,
Chaouki Gharib, a souhaité
"bonne chance à l'Algérie en Coupe du monde parce qu'elle représentera le monde arabe en Afrique du Sud".
L'Algérie disputera, quant à elle, la petite finale samedi 30 janvier contre le Ghana
. "Mais c'est nous qui irons au Mondial", rappelle le défenseur des Fennecs,
Madjid Bougherra, comme pour se consoler d'un match cruel. Dans les gradins, les supporteurs égyptiens s'en moquent. L'essentiel, c'est d'avoir
"battu les Algériens".
Mustapha Kessous
LE MONDE