Le plus surprenant dans ce dossier, ce sont les nombreuses voix, même parmi nos parlementaires, qui s’élèvent pour le défendre. Comme si nos 4000 morts sur les routes, chaque année, ne suffisaient pas.
Dans sa brillante et longue intervention devant les députés, jeudi dernier, le Premier ministre Ahmed Ouyahia s’est contenté des dossiers de politique intérieure. Il n’a pas abordé le chapitre de politique étrangère. Sauf pour évoquer l’Accord d’association avec l’Union européenne et les négociations avec l’OMC qui traînent en longueur.
«L’Algérie ne peut pas rester isolée du monde», a-t-il tenu à préciser. Une exigence qu’il soumet toutefois à certaines conditionnalités. Si les négociations avec l’OMC piétinent c’est, dira-t-il, à cause de «l’importation des véhicules d’occasion et du prix du gaz sur le marché national». Deux points dont l’opinion connaît plus le premier alors que c’est le second qui est le plus important dans la vie quotidienne des Algériens. En clair, les gens de l’OMC voudraient que les consommateurs algériens paient le gaz au prix du marché international. Un gaz extrait de notre sous-sol et qu’on voudrait nous faire payer au tarif fixé par les spéculateurs qui se font les maîtres du cours mondial.
Tant qu’à faire, pourquoi ne pas exiger de nous d’abandonner notre monnaie et de régler nos factures en dollars ou en euros? Pourquoi pas, tant qu’on y est? Quand on voit les mesures protectionnistes des Etats-Unis ou les efforts de l’Europe pour contrer les importations de produits étrangers, notamment chinois, on mesure mieux le culot, pour ne pas être plus méchant, de nos vis-à-vis de l’Organisation mondiale du commerce. Un culot contre lequel ne peuvent pas grand-chose les pays désarmés. Nous en faisions partie à la fin des années 80, à l’époque du rééchelonnement (pardon! du réajustement structurel), comme l’a si bien rappelé M.Ouyahia en citant l’anecdote du négociateur algérien qui s’est fait rappeler à l’ordre par le représentant du FMI par cette cruelle vérité: «Il n’y a pas de souveraineté nationale qui tienne quand on fait la manche!»
Aujourd’hui, grâce à Dieu, nous n’en sommes plus là. Le Président Bouteflika a eu la perspicacité et la sagesse de désendetter le pays, malgré l’avis contraire de nombreux «experts» bien de chez nous. Certains diront que c’est grâce au marché pétrolier particulièrement prospère d’avant la crise. Il y a du vrai, mais il faut aussi admettre honnêtement que non seulement l’argent généré a été bien géré mais qu’en plus, il l’a été dans une transparence jamais égalée.
Nous sommes aujourd’hui loin du contexte de la «bombe» des «26 milliards» que l’ancien Premier ministre Brahimi avait lancée. Une «bombe» qui, quoiqu’on en dise, comporte forcément une part de vérité car «il n’y a jamais de fumée sans feu». Cela dit et donc grâce à la bonne gestion des deniers publics on peut avoir une attitude digne et ferme à la table des négociations avec l’OMC. C’est ce qu’a voulu dire M.Ouyahia. Pas seulement au sujet du gaz mais aussi de cette vaste ferraille qu’on veut nous imposer sous le chapitre «importation de véhicules d’importation». On nous dit qu’il s’agit seulement de véhicules de moins de trois années.
En réalité, chacun d’entre nous sait ce qu’il en est vraiment. Il n’y a qu’à se rappeler l’énorme trafic de vieux tacots, qui avait un temps envahi nos routes. Un trafic qui portait les initiales «ZH». Le plus surprenant dans ce dossier, ce sont les nombreuses voix, même parmi nos parlementaires, qui s’élèvent pour défendre l’arrivée de telles voitures de pays comme la France qui, dans le même temps offre, «une prime à la casse» pour les retirer de la circulation.
Comme si nos 4000 morts sur les routes, chaque année, ne suffisaient pas. L’Algérie commence à sortir la tête de la gadoue. Cela n’a pas l’air de plaire à certains qui font du tapage pour nous y replonger. Heureusement que le gouvernail du bateau Algérie est tenu de main de maître. Tous les citoyens qui sont jaloux de leur pays et n’ont pas de patrie de rechange, le savent. Ils sont la majorité écrasante. Sans autre commentaire.
Zouhir MEBARKI
L'Expression