(Les personnages de cette scène sont Lahier, un employé et son chef M. de la hourmerie.)
« Vous n’êtes pas venu hier ?dit négligemment M.de la hourmerie.
_non monsieur, répondit larier
_et pourquoi vs n’êtes pas venu ? »
L’autre n’hésita pas :
« J’ai perdu mon beau- frère »
Le chef, du coup, leva le nez : »encore !... »
Et l’employé, la main sur le sein gauche, protestant bruyamment de sa sincérité :
« Non, pardon, voulez-vous me permettre ? » s’exclama M.de la Hourmerie.rageur, il avait déposé prés de lui la plume d’oie qui, tout à l’heur, lui barrait les dents.ils’écria : »
« Alors monsieur, c’est une affaire entendu ? Un parti pris de ne plus mettre les pieds ici ? Aujourd’hui, vous avez perdu votre beau frère, comme déjà, il y a 8 jours, vous avez perdu votre tante, comme vous aviez perdu votre oncle le mois dernier, votre père à la trinité, votre mère à pâques !...sans préjudice, naturellement de tous les cousins, et autres parents éloignés que vous n’avez cessé d’enterrer à raison d’un au moins la semaine !quel massacre !non, mais quel massacre ! At-on idée d’une famille pareille ? Et je ne parle psi si, notez bien, ni de la petite sœur qui se marie deux fois l’an, ni de la grande qui accouche tous les trois mois ! en voila assez : que vous vous moquiez du monde, soit !mais il y a des limites à tout, et si vous supposez que l’administration vous donne mille quatre cents francs pour que vous passiez votre vie à enterrer les uns, à marier les autres, vous vous méprenez, j’ose le dire !... »
M.de la hourmerie ajouta :
« Vous êtes ici trois employés à l’expédition : vous, M.soupe et M.letondu.
M.Soupe en est aujourd’hui à ses trente septième années de service et il n’y a plus à entendre de lui que les preuves de sa bonne volonté. Quand à M.letondu, il donne depuis quelques mois des signes inéniables de folie… il est inouï de penser que sur trois employés, l’un soit fou, le deuxième gâteux et le troisième à l’enterrement.c’en démission, je l’accepte .si c’est le contraire, vous voudrez bien me faire le plaisir d’etre ici, chaque jour, sur le coup de onze heurs, à l’exemple de vos camarades et ce, à compter de demain, est-ce clair ? »
D’un ton dégagé ou perçait une légère pointe de moquerie : »parfaitement clair, dit laurier… »
D’après G Coureline