Les acquéreurs de véhicules neufs crient au désarroi en Algérie. Et pour cause, l’Etat vient de leur imposer un énième contrôle supplémentaire
de conformité.
En effet, pour l’immatriculation des véhicules neufs, un nouveau certificat de conformité est désormais exigé par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. Une instruction, datant de la fin de mois de mars, émanant du département de Zerhouni, et signée par le secrétaire général du ministère, confirme que de nouvelles dispositions concernant l’immatriculation des véhicules sont bel et bien entrées en vigueur.
Ainsi, l’autorisation de mise en circulation de véhicules neufs est conditionnée par l’obtention et la présentation d’un nouveau document émis par le service des mines. «Il s’agit pour l’ingénieur des mines de vérifier la concordance de la voiture par rapport à la notice technique délivrée par le concessionnaire», a expliqué, hier, Tahar Mohamed Nacer, un cadre du ministère des Transports, au cours d’une émission de la radio Chaîne III. Or, ce nouveau contrôle n’a pas manqué de susciter de nombreux désagréments à nos concitoyens.
Avec seulement 125 ingénieurs chargés de contrôler les 355 000 véhicules neufs acquis chaque année en Algérie, les services des mines font actuellement l’objet d’un grand cafouillage.
A Alger, où 95 % de ces opérations de contrôle seront effectuées, les citoyens n’ont même pas pu obtenir un rendez-vous auprès du service des mines, lesquels ne savent même pas quel type de contrôle il leur est demandé ! Il faut savoir qu’en temps normal, outre l’homologation et l’autorisation de la mise en circulation, les ingénieurs de mines sont appelés à effectuer un autre contrôle de conformité sur les véhicules transformés. Il s’agit plus précisément de véhicules qui changent leur source d’énergie, à l’instar des voitures d’essence reconverties au GPL. Ce contrôle est communément désigné «réception à titre isolé». Rien que dans la wilaya d’Alger, 500 réceptions par type de véhicules sont enregistrées chaque jour.
Sur l’ensemble du territoire national, l’on dénombre pas moins de 100 000 réceptions de véhicules transformés qui doivent être minutieusement contrôlés dans les jours et mois à venir par les ingénieurs des mines. C’est dans un tel contexte que les 125 ingénieurs des mines doivent s’organiser pour répondre à la nouvelle instruction du ministère de l’Intérieur. Mais comment procèderont-ils ? Cette interrogation est d’autant plus légitime lorsqu’on sait que les citoyens subissent des mésaventures à n’en plus finir depuis l’arrivée de cette nouvelle instruction. Aux daïras, les demandeurs de carte grise sont renvoyés au service des mines. Et au niveau de ce service, on ne leur fournit même pas des explications probantes, témoignent de nombreux automobilistes en colère.
Si ce nouveau certificat de conformité est gratuit, nous a-t-on précisé hier, il n’en demeure pas moins qu’il a durci davantage les conditions d’acquisition d’un véhicules neuf. Déjà soumis au contrôle technique du ministère des Transports et à une taxe comprise entre 50 000 et 150 000 dinars, cette nouvelle mesure risque de décourager sérieusement les citoyens désireux d’acquérir des véhicules neufs. Officiellement, l’objectif fixé par les autorités publiques à travers ce nouveau contrôle est de faciliter la tâche aux services de sécurité dans leur mission de suivi et de contrôle de ce type de véhicules, même s’ils sont importés par les concessionnaires agréés.
Néanmoins, des observateurs avertis estiment que c’est les véhicules chinois qui sont particulièrement mis en cause par les autorités publiques. Accusés d’être non conformes aux spécifications techniques contenues dans les notices délivrées par les fabricants, ces véhicules seraient à même de mettre en péril la vie des Algériens. Mais cela justifierait-il réellement ce grand cafouillage, dont les seules victimes sont en premier lieu les citoyens ?
par la Tribune