Angola :
le chef des rebelles nie avoir visé les joueurs
- Selon le leader du Flec-PM Rodrigues Mingas, ses militants armés ne savaient pas qu'ils s'attaquaient aux footballeurs togolais. «Nous n'attaquerons pas les joueurs», assure-t-il.
Pas difficile de joindre Rodrigues Mingas, le leader du groupe indépendantiste du Cabinda responsable de l'attaque contre le bus des Éperviers, l'équipe nationale togolaise. Le numéro de téléphone portable français du mouvement politico-militaire des Forces de libération de l'État du Cabinda/Position militaire (Flec/PM) figure sur son site Internet. Et c'est le secrétaire général qui répond. Rodrigues Mingas tient à affirmer que son commando «ne visait pas les footballeurs du Togo.» Il a «envoyé ses condoléances» au gouvernement togolais. «Nous ne sommes pas des terroristes», assure-t-il. Il ne compte d'ailleurs pas viser d'autres équipes : «Nous n'avons pas l'intention d'attaquer les joueurs de la CAN.»
Rodrigues Mingas ne voit pas de contradiction avec ses déclarations de dimanche, dans lesquelles il affirmait : «Les armes vont continuer à parler, nous sommes en guerre et tous les coups sont permis.» Le ministère des Affaires étrangères français avait réagi par une mise en garde : «Ces propos ne resteront pas sans suite.» Mais le leader du Flec/PM affirme ne pas résider en France. «J'ai un passeport portugais, et je suis ici et là.»
Deux arrestations
Pour Rodrigues Mingas, ses avertissements visaient l'armée angolaise, cible du mouvement séparatiste qui revendique l'indépendance du Cabinda, ancienne colonie portugaise comme l'Angola, annexée à l'indépendance en 1975, et séparée du territoire principal angolais par une partie de la République démocratique du Congo.
Selon le leader du Flec-PM, scission du Flec originel qui a pour sa part abandonné la lutte, ses militants armés ne savaient pas qu'ils s'attaquaient aux joueurs togolais. «Un commando de dix personnes était en ronde quotidienne. Ils ont remarqué trois véhicules, protégés par des policiers, qui étaient en fait des militaires, comme d'habitude.»
Les militants ont commencé à tirer, continue-t-il, sans se rendre compte que le deuxième véhicule du convoi, un car, transportait les joueurs. «Certains ont voulu s'enfuir. Ces pauvres Togolais ont été pris dans les tirs croisés entre nos hommes et les militaires.» Le leader du Flec-PM affirme que ses «commandants sur le terrain» ne s'attendaient pas à trouver des sportifs. «Il y a deux mois, nous avions envoyé un message au président de la Confédération africaine de football, Issa Hayatou, pour lui dire d'empêcher les équipes de voyager par la route. Il y a régulièrement des combats à cet endroit.» Les Éperviers, qui venaient du Congo-Brazzaville, avaient choisi la route, plus directe que l'avion.
Le gouvernement de Luanda a annoncé lundi avoir «capturé sur les lieux» deux responsables de l'attentat. «Ce ne sont pas des gens de chez nous, répond Rodrigues Mingas. On a fait l'appel et personne ne manquait.» Le Flec originel, dont le Flec/PM est issu, a pour sa part condamné l'attentat.
Illustrant l'émiettement des groupes séparatistes, le ministre chargé des affaires du Cabinda, Bento Bembe, lui-même ancien du Flec rallié à l'Angola, a réclamé lundi un «mandat d'arrêt international» contre les auteurs. Quant à Rodrigues Mingas, il pourrait être poursuivi devant la justice française pour apologie de crime.
le figaro