CRISE ALGÉROFRANÇAISE
L’Europe pas encline à suivre la France sur le dossier algérien
En coulisses, le ministre des
Affaires étrangères françaises abat un travail inlassable de titan pour
mettre les pas de Bruxelles sur ceux de Paris concernant l’Algérie.
Bernard Kouchner, très connu, bénéficiant de puissants relais
politiques médiatiques et de la société civile, a fait de l’Algérie un
cas, une obsession…Dès son intronisation dans la Sarkozye, le relex de
France a donné de forts signaux antialgériens idéologue, bien qu'il
s’en défende, dogmatique, méthodique et surtout militant, le
French-doktor s’abat sur l’Algérie comme un aigle des hauts-plateaux
sur un mouton de Aïn-Oussara, Kouchner ne montre jamais son jeu.
Il
brouille les cartes jusqu’à la dernière minute quand c’est trop tard.
Ce curieux humanitaire — toutes les causes qu’il a défendues étaient
celles d'Israël et de l’Otan — en veut à l’Algérie et il milite pour
cette cause. Pour lui, c’en est une, une vraie. Que reproche-t-il, au
juste à notre pays ? Dans ses griefs, rien de bien significatif selon
les diplomates en poste à Bruxelles, les investissements français
qu’Alger bouderait ? C’est une affaire banale, commerciale. Si tant est
que cela soit vrai ? Le peu d'allant mis par l’Algérie pour réanimer
l'Union pour la Méditerranée ? C’est là affaire d’interprétation
diplomatique, disent les gorges-profondes bruxelloises. L’Algérie n’est
pas le seul riverain du Grand bleu qui reste réservé sur cette
question. Dans ce que reproche Kouchner à l’Algérie, il n’y a rien de
criminel, selon des sources européennes proches des milieux
décisionnels. Toutes les questions, y compris celles de la mémoire, de
la colonisation peuvent être abordées, et même résolues,
l'anti-algérianisme de M. Kouchner est à chercher dans ce que ne dit
pas le chef de la diplomatie française. Essentiellement, sur la
relation avec Israël. Bernard Kouchner, on le sait, confond souvent
intérêt de la France et intérêt d'Israël. En ce sens, il applique la
feuille de route du président Sarkozy. Ce dernier pourtant, ne paraît
plus satisfait de la gestion du dossier Algérie par son ministre des
Affaires étrangères, lui reproche-t-il sa démarche de forme ou celle du
fond ? Nul ne le sait. Le locataire de l’Elysée a-t-il considéré,
depuis, que la France, historiquement, ne peut pas avoir le rôle de
l’Angleterre au Moyen-Orient et, de ce fait, son alignement sur Israël
est contre-productif ? Sarkozy avec la montée de Dominique de Villepin
dans les sondages et sa chute libre auprès des Français veut-il opérer
un recul tactique en sacrifiant — ou en isolant — Bernard Kouchner ? La
déclaration de ce dernier, une véritable provocation, estimant que seul
le départ de la génération de Novembre du pouvoir en Algérie, était à
même de rendre possibles des relations algéro-françaises, a été,
immédiatement suivie du déplacement vers Alger du secrétaire général de
l’Elysée. Que se sont dits Ouyahia et l’émissaire de l’Elysée ? Sans
doute beaucoup de choses. C’est pourquoi l'Union européenne ne veut pas
se mêler de cette affaire qui sent le roussi. Bruxelles préfère s’en
tenir au cadre multilatéral de l’accord d’association et permettre à
chaque pays de l'Union d’avoir les relations qu’il veut avec l’Algérie.
L’Angleterre, la perfide Albion, a flairé la bonne affaire en
n'inscrivant ni les Algériens ni l’Algérie sur une liste noire.
A. M.