ÉDUCATION
La justice ordonne l’arrêt de la grèveUn jugement prononcé lundi
dernier par la chambre administrative de la cour d’Alger a ordonné
l’arrêt immédiat de la grève initiée par l’Unpef et le Cnapest. Cette
décision intervient alors que le spectre de l’année blanche plane et
suscite les craintes des parents d’élèves. Pour leur part, les
syndicalistes affirment ne pas avoir été destinataires d’une telle
décision et disent attendre encore une prise en charge définitive de
l’ensemble de la plateforme de revendications. En attendant, ils ont
décidé de poursuivre leur mouvement de protestation.
LE CONSEILLER CHARGÉ DE LA COMMUNICATION AU MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION
:
«Les pouvoirs publics ont honoré leurs engagements» Le Soir d’Algérie : Les représentants des deux syndicats
grévistes, l’Unpef et le Cnapest, ont condamné le mutisme affiché par le
ministère de l’Education. Comment expliquez-vous cette absence de
réaction face à une grève fortement suivie ?
Le conseiller chargé de la communication: Le ministère de l’Education
a toujours été en contact avec les syndicats. Pour preuve, le 23 février
dernier, à la veille du lancement de la grève, nous étions réunis pour
discuter des dossiers des œuvres sociales dans le cadre d’une commission
mixte. Le ministère a aussi informé publiquement, aussi bien par les
canaux de communication internes que par les médias, de tous les efforts
entrepris par les pouvoirs publics pour répondre favorablement aux
revendications des travailleurs. Il s’agit notamment de la
revalorisation salariale. Toutefois, des «ambiguïtés» ont été
entretenues concernant la prime de rendement. Pour cela, nous avons
envoyé, avant-hier, une note à tous les chefs d’établissement scolaire
les instruisant de verser cette prime de rendement à hauteur de 40/40 à
tous les enseignants qui remplissent normalement leurs tâches, soit un
travail de 18 heures par semaine pour les PES et de 22 heures pour les
PEF, à titre d’exemple, et ceci sans absences. Cette prime, les
syndicalistes l’ont occultée dans les tableaux transmis aux enseignants.
Qu’apporte de plus cette prime ?
Avec les dispositions du nouveau régime indemnitaire, la prime sera
versée tous les trois mois. Avant, elle l’était tous les six mois. Elle
était calculée sur le salaire de base. Dorénavant, elle sera calculée en
fonction du salaire principal, soit le salaire de base en plus des
primes et indemnités. La prime est intégrée, par ailleurs, dans
l’assiette de calcul de la retraite. Ainsi, ces augmentations salariales
ont hissé le secteur au rang de secteur le mieux rémunéré de toute la
Fonction publique. De ce fait, le ministère de l’Education considère
qu’il a honoré ses engagements à l’égard des personnels du secteur
puisqu’il a été le premier à finaliser et à mettre en œuvre sur le
terrain les nouveaux régimes indemnitaires. Par ailleurs, les pouvoirs
publics, et à travers la signature de ce décret d’application par le
Premier ministère la semaine dernière, ont clos ce dossier.
Qu’en est-il des deux autres dossiers soulevés par les syndicats, à
savoir les œuvres sociales et le régime indemnitaire ?
Le ministère de l’Education devait poursuivre son travail de
concertation avec l’ensemble des syndicats. Nous devions arriver à un
consensus autour de ces dossiers. Toutefois, nous n’aboutirons pas à des
résultats par la pression et dans la précipitation. Nous étions réunis
le 23 février dernier, pour ne citer que cette rencontre qui a précédé
le mouvement de grève. S’agissant de la grève, la question à se poser
est la suivante : les motifs sont-ils suffisamment graves pour appeler à
un large mouvement de protestation qui pénalise les élèves ?
Les syndicats prévoient de poursuivre la grève. Quelle est la
position de la tutelle à ce sujet ?
Nous avons décidé de recourir à la justice en vue de sauvegarder
l’intérêt suprême des élèves et de prévenir toute dérive qui leur serait
préjudiciable. Nous en sommes arrivés à cela à l’issue de moult appels à
la raison. Il s’agit d’une procédure d’urgence en direction de la
justice. Cette démarche a abouti à une décision de jugement en référé
d’heure en heure émanant de la chambre administrative de la cour
d’Alger. Le jugement a été prononcé le 1er mars dernier et ordonne
l’arrêt immédiat de la grève. En conséquence, nous nous attendons à ce
que les enseignants respectent ce jugement et regagnent leur poste de
travail.
M. D’ZIRI, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’UNPEF :
«Aucune décision de justice ne nous a été notifiée» Le Soir d’Algérie : La justice vient de rendre une décision
ordonnant l'arrêt de la grève que vous avez initiée avec le Cnapest.
Allez-vous interrompre votre mouvement de protestation ?
M. D’ziri : A ce jour, nous n’avons pas été avisés officiellement de
cette décision. Nous maintenons donc notre mouvement de grève, jusqu'à
satisfaction de nos revendications.
Avec la poursuite de la grève, l’école se dirige vers une année blanche.
Le ministère de l’Education et les associations de parents d’élèves
imputent la responsabilité du préjudice causé aux élèves au Cnapest et à
l’Unpef. Comment réagissez-vous à ces accusations ?
J’espère que nous n’irons pas vers une année blanche, nous ne
souhaitons pas cela à nos enfants. Il faut surtout qu’il y ait une
volonté de la part des pouvoirs publics d’aller vers des solutions
concernant les principales préoccupations des travailleurs du secteur de
l’Education. Il est ainsi urgent que l’arrêté concernant les œuvres
sociales soit promulgué. Pour ce qui est de la médecine du travail, le
problème doit être définitivement réglé.
Les hausses de salaires annoncées par la tutelle paraissent à première
vue conséquentes. Quelles réserves émettez-vous sur cette décision ? Pour ce qui est de la question des salaires, nous jugeons faible le
salaire mensuel annoncé. Il est compris dans la fourchette 577 DA / 6300
DA. Nous nous attendions à plus que cela. Toutefois, et pour ce qui est
de la prime de rendement, elle est satisfaisante. La tutelle nous a
donné nos droits concernant ce point précis. Auparavant, elle nous était
accordée en la calculant par rapport au salaire de base. Il faut savoir
que les autres secteurs l’ont toujours eue selon ces nouvelles mesures
qui viennent d’être appliquées au profit des enseignants.
La grève s’est déjà poursuivie sur une autre semaine. Avez-vous eu des
contacts avec les associations de parents d’élèves ? Les associations de parents d’élèves nous ont, en effet, contactés pour
avoir des explications sur le mouvement de grève. Nous leur avons
demandé de nous apporter leur aide auprès des autorités de tutelle. Les
associations ont même demandé à faire un travail de médiation. Nous leur
avons signifié que nous étions des parents aussi. La Constitution qui a
donné aux enfants le droit d’étudier nous a aussi donné des droits.
Entretiens réalisés par F.-Zohra B.