Il en a toujours rêvé. Depuis sa découverte de cet art en version animée à travers l’émission qui aura marqué toute une génération «Club Dorothée», Saïd n’a eu de cesse de faire des croquis et de collectionner livres et revues. Aujourd’hui, c’est désormais chose faite, avec Mondialé, publié aux éditions Lazhari Labter.



L’enfant, devenu adulte, pris par les études et une succession de petits boulots, la passion se fait plus fade et les dessins plus rares. Mais lorsqu’il tombe malade, atteint d’une tuberculose, il remet en cause sa vie et détermine ses priorités. Il en parle avec émotion et retenue, les yeux baissés et un petit sourire. Rétabli, au bout d’une année de convalescence, il se remet en selle. La flamme est attisée. Une rencontre sera déterminante pour le jeune homme de 23 ans. A la précédente édition du Festival international de la littérature et du livre jeunesse, il rencontre Lazhari Labter, éditeur. «Je me rappelle très bien de sa première phrase : ‘‘Je te donne 30 secondes pour me convaincre, mon temps est précieux’’.»

Une pression qui n’impressionne pas le jeune homme qui se présente. Les trente secondes s’étirent en deux heures et le coup de cœur est au rendez-vous. Une fois le feu vert obtenu, il s’enferme pendant quatre mois dans sa chambre et travaille sur la création des personnages et l’élaboration du scénario. Il s’est particulièrement attaché à raconter une histoire profondément algérienne «Nous avons besoin de nous identifier à des héros algériens qui pourraient nous inspirer dans notre vie.» Fan de football et entraîné par la liesse qui a gagné les Algériens, le temps d’un rêve avorté, il a compris que c’était là un thème «qui accroche le lecteur et lui parle». Mais adapter cet art à l’esthétique algérienne n’est pas chose aisée, alors que la référence, le modèle sont à mille lieues de la société. C’était «très difficile, confie l’auteur, particulièrement pour ce qui est des visages, mais c’est un défi qui motive».

L’effort est visible. Mondialé, ou l’histoire d’un jeune homme au talent inné pour le football. Heurté part le décès de ses parents dans un accident, alors qu’ils le conduisaient vers un centre de formation sportive, il cesse de pratiquer sa passion. Ses amis l’encouragent à s’y remettre. Il évolue entre son grand-père propriétaire d’une gargotte de karantita et de m’hadejb, sa grande sœur protectrice et plusieurs amis. Le prochain opus qui va s’intituler L’ascension est en préparation, alors que cette première édition enjambe la Méditerranée.

Nesrine Sellal